Pour introduire cette nouvelle série d'articles, il nous a paru plutôt difficile de passer à côté de celle qui a été choisie par le gouvernement Couillard pour diriger l'infâme Commission de révision permanente des programmes (CRPP) : l'ex-ministre libérale Lucienne Robillard, à qui nous donnerons le joli sobriquet de « femme à 1 000 $ par jour » ou « Lulue » (avec un « e », pour pas vous mélanger avec Lucien « Lulu » Bouchard).
Parcours d'une crosseure
Issue du monde de la santé et des services sociaux, notre chère Lucienne se tourne rapidement vers un milieu plus prometteur, celui de la gestion et de l'administration des affaires, avant de finalement faire le saut en politique en 1989. C'est sur la scène provinciale qu'elle fait ses classes, passant des Affaires culturelles à l'Enseignement supérieur et à l'Éducation dans le cabinet Bourassa, pour finir comme ministre de la Santé et des Services sociaux auprès de Johnson (fils). Défaite en 1994, elle remporte ses premières élections fédérales en 1995. Elle y passera d'un ministère à l'autre jusqu'à sa démission en 2008, mais c'est pendant les années Chrétien qu'elle atteint des sommets, se voyant confier la présidence du Conseil du trésor de 1997 à 2003, en plein scandale des commandites. Bref, cela fait plus de vingt ans que Lucienne Robillard vit sur notre bras et profite des largesses de l'État.
Nomination idéologique ?
Le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, a beau dire qu'« il n'y a pas de politique là-dedans », la nomination de Lulue à la CRPP tombe sous le sens. Après tout, elle est restée fidèle à la grande et belle famille libérale pendant toute sa carrière en politique. D'ailleurs, elle était encore présidente du Parti libéral du Canada (PLC) en 2012. Et qui de mieux pour présider une commission chargée de couper dans des domaines à « fort potentiel d'économies, pour faire des gains significatifs » que celle qui a piloté une réforme néolibérale de l'éducation en 1993, dont le collégial peine encore à se relever aujourd'hui décentralisation, évaluation et gestion par résultats, approche par compétence, diversification des moyens de financement (taxe à l'échec), tel était le mot d'ordre. Car c'est bien dans la santé et l'éducation, les postes budgétaires les plus importants, qu'ils passeront d'abord la gratte. C'est un secret de polichinelle, Lucienne Robillard a été choisie précisément parce qu'elle vient de la même famille idéologique que le trio Couillard, Coiteux, Leitão. Non seulement elle fera la job de bras, mais elle la fera avec plaisir. Comment pourrait-il en être autrement, compte tenu de son passé ? Surtout qu'en échange de son « labeur », Lulue recevra quotidiennement la modique somme de 1 100 $, pour 8 heures de travail pendant 240 jours. Cela représente un salaire annuel de 265 000 $. Pas pire pour une retraitée, surtout par les temps qui courent ! Parlant de retraite, ce montant s'ajoute aux deux généreuses pensions qu'elle reçoit des deux paliers de gouvernement. Pour vous donner une idée de ce que cela représente, la pension d'un député fédéral qui a occupé un poste de ministre oscille entre 100 000 $ et 150 000 $... Et comme si ce n'était pas suffisant, la femme à 1 000 $ par jour pourra se faire rembourser des dépenses jusqu'à concurrence de 300 $ par mois. C'est sûr que rendu là, c'est du petit change. Mais quand même, à côté d'elle, Lise Thibault c'est de la petite bière ! Et elle n'est pas toute seule. Les quatre « experts » qui l'épauleront dans son sale boulot Claude Montmarquette (du think tank de droite le CIRANO), Michèle Bourget, Mireille Filion et Robert Gagné (des gestionnaires wanabee PDG) recevront un salaire annuel de 192 500 $, soit 800 $ par jour. Bref, à eux cinq, ils nous coûteront collectivement 1,03 million $. Et leur mandat est renouvelable après un an...
La crosse du siècle
Plus globalement, toute cette commission est une supercherie monumentale. D'abord, les coûts de ce cirque qui vise à couper 3,2 milliards $ dans les dépenses publiques s'élèvent à 3,8 millions $, du moins pour la première année de travaux. Évaluer les coûts des divers programmes gouvernementaux ne fait-il pas déjà partie du mandat des élus ? Comment ne pas voir cette opération frauduleuse de relations publiques comme une façon pour les petits amis de l'élite libérale de s'en mettre plein les poches ? Sauront-ils le « faire le ménage » dans ce dont ils ont eux-mêmes bénéficié ? Le slogan « Ils ont riches parce que nous sommes pauvres » trouve vraiment tout son sens ! Pour ajouter l'insulte à l'injure, on a mis 250 000 $ dans un site web qui inclut, entre autres, une « boîte à idées » dont le but serait de créer un « dialogue social ». Ça ne vous rappelle pas la « concertation » et le « partenariat social » des sommets socio-économiques de Bouchard (l'autre Lulu) ? On sait pas pour vous, mais pour nous, se faire consulter à savoir si on aime mieux couper dans le chauffage de notre appartement l'hiver ou bien dans notre épicerie, ça nous laisse un drôle de goût dans la bouche. D'autant que cette consultation bidon se transforme déjà en dérive populiste (jugez par vous-mêmes) En parlant des dépenses de l'État québécois, Lucienne a candidement déclaré à La Presse : « Il y a un problème structurel. » À cela la CLAC répond : « Ben d'accord ! Pis toi pis ta gang, vous en faites partie ! »