Espérons que vous avez l'estomac solide et que vous avez bien digéré vos chocolats de Pâques : ce mois-ci, c'est à l'indigeste Marc Ouellet, à l'immangeable Église catholique et au vomissable Vatican que s'attaque la CLAC dans le cadre de sa campagne Ostie de crosseurs!
Épinglés pour autoritarisme et abus d'autorité, sexisme et sévices sexuels, racisme et génocides, ignominie et ensensement de l'ignorance, détournement de foi ainsi que pour évidente et efficace collaboration avec le système capitaliste, nos crosseurs d'avril vous éblouiront par leur fourberie intellectuelle, qui va du déni des atrocités commises en leur nom à la justification mystico-opportuniste de nombreuses oppressions.
Puisque leurs beaux principes ne leur servent qu'à soumettre autrui pour mieux s'y soustraire et qu'ils refusent de l'admettre, nous les passons au purgatoire pour vous...
Consultez le CV de Marc Ouellet, misogyne, homophobe, obscurantiste et ostie de crosseur médiéval !
Ou lisez ci-dessous :
- CV de Marc Ouellet, Cardinal-prêtre, préfet de la Congrégation pour les évêques et crosseur médiéval
- La « Philosophie » de Marc Ouellet
- Le brutal héritage de l'Église catholique au Québec
- Chasteté, pauvreté, obéissance, mon père ?
- De « christianime révolutionnaire » à « religion d'État »
Curriculum vitae
Marc Ouellet
Cardinal-prêtre, préfet de la Congrégation pour les évêques et crosseur médiéval
Langue parlée
Parle couramment le misogyno, l’homophobo, l’hypocrito, le rétrogrado et l’obscuranto.
Parcours professionnel
2003 - aujourd’hui : Cardinal-prêtre de la paroisse Sainte Marie de Traspontine à Rome.
2010 - aujourd’hui : Préfet de la Congrégation pour les évêques et président de la Commission pontificale pour l'Amérique latine.
2002 - 2010 : Archevêque métropolitain de Québec et primat de l'Église catholique au Canada.
2001 - 2002 : Évêque titulaire d'Agropoli (Italie) et secrétaire du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens.
1996 - 2002 : Titulaire de la Chaire de théologie dogmatique de l'Institut pontifical Jean-Paul II de l'Université pontificale du Latran à Rome (études sur le mariage et la famille).
1970 - 1994 :
- Recteur du Séminaire Saint-Joseph d'Edmonton.
- Recteur du Grand Séminaire de Montréal.
- Recteur du Grand Séminaire de Manizales, Colombie.
- Enseignant au Grand Séminaire de Cali, Colombie.
- Professeur et directeur du Grand Séminaire de Montréal.
- Membre de la direction et professeur au Grand Séminaire de Manizales, Colombie.
- Enseignant de philosophie au Grand Séminaire de Bogotá, Colombie.
1968-1970 : Vicaire de la paroisse Saint-Sauveur de Val-d’Or.
1968 : Prêtre du diocèse d'Amos.
Postes officiels au Vatican
• Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements
• Congrégation pour l’éducation catholique et Congrégation pour le clergé
• Comité pontifical pour les congrès eucharistiques internationaux
• Académie Pontificale de Théologie
• Conseil des cardinaux pour l’étude des problèmes organisationnels et économiques du Saint-Siège
• Conseil pontifical pour la culture
• Conseil pontifical post-synodal
• Rapporteur général de la XIIe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques
Formation
1978-1983 : Doctorat en théologie dogmatique de l'Université pontificale grégorienne, Rome.
1972-1974 : Licence de philosophie de l’Université pontificale Saint-Thomas-d'Aquin, Rome.
1964-1968 : Théologie, Grand Séminaire de Montréal (licence en théologie de l'Université de Montréal).
1959-1964 : Philosophie, École normale d'Amos (baccalauréat en pédagogie de l'Université Laval).
« Philosophie » (dogme et rhétorique)*
* Tout ce qui se trouve entre guillemets ci-dessous est une citation directe de Marc Ouellet et/ou constitue une position officielle de l’Église catholique.
« Ici l’Église catholique vit, depuis un certain temps, une crise profonde. Historiquement au Québec, jusqu’à la fin des années cinquante, tout ou presque (de l’école aux hôpitaux) était dans les mains de l’Église... Tout s’est écroulé à partir des années soixante. Plusieurs facteurs ont joué dans cette métamorphose : l’influence marxiste et l’affirmation de l’étatisme, mais aussi l’impact du Concile Vatican II sur l’Église locale...1 »
« Je reconnais que des attitudes étroites de certains catholiques, avant 1960, ont favorisé l’antisémitisme, le racisme, l’indifférence envers les Premières Nations et la discrimination à l’égard des femmes et des homosexuels [...]2 », mais ce n'est pas une raison pour changer d'attitude...
Tout allait tellement mieux avant... dans ce que les infidèles appellent la Grande Noirceur. Suite à la satanée Révolution tranquille, le Québec, « désorienté sur le plan spirituel », a sombré dans « l’intégrisme laïque » et « la dictature du relativisme ». L'Église y est maintenant « persécutée » parce qu’elle « dit la vérité3 ». Les programmes d’« éthique et de culture religieuse » du système d’éducation québécois, par exemple, « relativisent » le rôle de la foi dans le domaine de la religion et de la culture. « Il n’y a plus de liberté de choix pour les parents, de choisir entre le cours de l’État, ou un cours de religion [...]4 ». Il semble évident qu’un retour à la bonne vieille catéchèse est nécessaire et urgent.
La Sainte Église ne reconnaît pas encore la femme comme égale de l'homme, et il serait sacrilège que celles-ci accèdent un jour au sacerdoce5. Les femmes canadiennes ont d'ailleurs très peu de « respect pour la vie humaine » et vivent dans une « culture de la mort », comme en témoigne le fait que « le nombre d'avortements au Canada est beaucoup trop élevé6 ». « Je comprends très bien qu’une femme violée vit un drame et qu’elle doit être aidée. Mais elle doit l’être par rapport à la créature qu’elle a dans son sein. Elle n’est pas responsable de ce qui lui arrive. C’est l’agresseur qui est responsable. Mais il y a déjà une victime. Est-ce qu’il faut en faire une autre ? » « Prendre la vie de quelqu'un d'autre, c'est toujours un crime moralement7 ». Il est par ailleurs indiqué de féliciter le gouvernement conservateur canadien pour son refus de financer des programmes de santé des femmes dans le tiers-monde. Voilà un pas dans la bonne direction8. Rappelons que la Sainte Église continue de s'opposer à toute forme de contraception autre que l'abstinence.
Pour ce qui est de s'accommoder aux « minorités », autre signe flagrant de la « sécularisation outrancière », il y a lieu de s'inquiéter « pour l’avenir de la liberté religieuse de la majorité9 ».
Dans un autre registre, l'Église catholique enseigne toujours que le « style de vie » et les « actes homosexuels » constituent un péché et un « désordre objectif ». Si la notion de mariage de même sexe est une navrante « fiction », ce genre de « pseudo-mariage10 » n'en constitue pas moins une authentique « menace pour la liberté de religion11 ».
Pour ce qui est des autochtones, mon bon Pape Benoît XVI a déclaré sa peine face à « l'angoisse causée par la conduite déplorable de certains membres de l'Église » à l’endroit des enfants autochtones déracinés de leur culture et emprionnés dans des pensionnats. En 2008, l'Église a même contribué 79 millions de dollars canadiens à un fonds d’indemnité aux quelque 100 000 victimes de sévices physiques, psychologiques et sexuels dans les pensionnats autochtones12. Nous voilà donc dûment « réconciliés ».
« Des jeunes ont subi des agressions sexuelles par des prêtres et des religieux, leur causant de graves dommages et traumatismes qui ont brisé leur vie ! [...] » J'ai d'ailleurs publiquement demandé « pardon pour tout ce mal !13 » et affirmé que « le premier pas sur cette route est de les écouter attentivement et de croire leurs histoires douloureuses !14 » Je me chagrine d’ailleurs que l’Association des victimes de prêtres ait initialement espéré que je devienne Pape pour que le « monde entier » réalise à quel point je me serais montré « méprisant » en ayant toujours refusé de « rencontrer des victimes15 ». Calomnie ! J'ai déjà rencontré des prétendues victimes de prêtres pédophiles, une fois, à Québec. Je ne vois d'ailleurs pas pourquoi le réseau de survivants SNAP, aux État-Unis, a cru bon de me placer sur leur liste noire des « 12 salopards » qui ont voulu étouffer des scandales ayant secoué l'Église16. Ce n'est pas parce qu'on négocie discrètement, une fois, le départ d'un cardinal formellement accusé d'inconduites sexuelles17 qu'on cherche nécessairement à « étouffer un scandale » !
En définitive, ce dont l'Église a besoin pour l'avenir, c'est de prêtres et d’évêques solides, à mon image, qui résistent au « relativisme » et retournent à une lecture radicale, orthodoxe et purement réactionnaire des Saintes Écritures. Ça tombe bien, car en ma qualité de préfet de la Congrégation pour les évêques, c'est sous mon autorité que se décide l'ensemble des nominations des évêques dans le monde...18 Le monde peut donc s'attendre à une Église toujours plus à droite de la droite. Car c'est la volonté de Dieu. Amen.
Notes :
1 http://bit.ly/10WHYQ3
2 http://bit.ly/VSV7WI
3 http://bit.ly/YacQsD
4 http://bit.ly/161mXTy
5 http://bit.ly/171qdBL
6 http://bit.ly/YiBqL1
7 http://bit.ly/bLv528
8 http://bit.ly/bOEYOz
9 http://bit.ly/14zD9zr
10 http://bit.ly/VleqcL
11 http://bit.ly/YHipBJ
12 http://bit.ly/YKhLpU
13 http://bit.ly/10WKdTj
14 http://bit.ly/XKyxPz
15 http://bit.ly/13C69He
16 http://bit.ly/ZgnUqT
17 http://bit.ly/YMNsZB
18 http://bit.ly/WZTtov
Le brutal héritage de l’Église catholique au Québec
En examinant le parcours de l’Église au Québec, on se rend vite compte que celui-ci est indissociable du processus de colonisation lui-même. D’emblée, il est nécessaire de souligner que les plus grandes victimes de la colonisation du territoire aujourd’hui connu sous le nom de Québec, ou Canada, sont d’abord et avant tout les différents peuples autochtones présents sur le territoire.
Le processus d’évangélisation coloniale fut entamé dès le moment où Cartier enfonça la croix dans le sol de Gaspé, s’appropria le territoire au nom du roi de France et enleva de force plusieurs Autochtones (dont le chef iroquois Donnacona, qui ne reverra jamais sa terre natale) en affirmant que ces derniers « sont gens qui seroint fassilles a convertir ». Le roi François Ier mandata ensuite le sieur De Roberval (de foi protestante) d’une mission visant « l’augmentation et l’accroissement de notre foi chrétienne et Sainte-Mère l’Église catholique », mission qui devint de facto une entreprise de piraterie, d’esclavagisme, de pillage et de viols, s’étendant jusqu’aux Caraïbes. Ses expéditions lui valurent le surnom, chez les Espagnols, de Roberto Baal. À la même époque, Jacques Cartier partit quant à lui en quête d’or et de diamants… mais ce qu’il trouva s’avéra n’être rien d’autre que de la pyrite et du quartz1.
Après l’échec initial des premiers colons, la colonie demeura encore longtemps Terra Nullius, c’est-à-dire que le territoire dit « inhabité » devait rester sous l’égide du dominion chrétien. En 1608, Champlain fonda la ville de Québec, d’où il tenta tant bien que mal d’établir sa colonie. Mais la présence des colons s’avéra tragique pour les Autochtones. Plusieurs maladies décimèrent jusqu’aux deux tiers du peuple Wendat (Hurons). Selon les Relations des Jésuites, la population wendate aurait approché les 30 000 à leur arrivée en 1600 pour en arriver à 10 000 vers 1640. Selon ces mêmes Jésuites, les maladies étaient dues à l’impiété des peuples autochtones. Ils allèrent même jusqu’à affirmer que « la seule façon de vaincre les épidémies était de croire en Dieu et de respecter les commandements ».
La présence des colons et de différentes compagnies mandatées par le cardinal de Richelieu ainsi que les tensions montantes entre les colonies anglaises et françaises eurent pour effet de déclencher des conflits entre différents peuples autochtones, le plus destructeur étant sans doute la prétendue « grande guerre iroquoise », dont les origines exactes demeurent pour le moins nébuleuses. On en retient très peu, sinon qu’elle eut pratiquement raison du peuple wendat-huron vers 16492.
C’est en 1663 que le roi Louis XIV établit le gouvernement royal. Le vicaire apostolique de la Nouvelle-France, François de Montmorency-Laval, accéda en 1674 à la position d’évêque. La Nouvelle-France, désormais une province française, ne répondrait plus aux entreprises privées, mais bien au conseil souverain constitué de l’évêque, de l’intendant et du gouverneur. L’évêque reçut pour charge la charité, l’éducation, les hôpitaux et la conversion des Autochtones. Le roi Soleil proclama l’édit de Fontainebleau en 1685 interdisant l’accès à tout non-catholique à sa colonie, poussant encore plus loin le pouvoir qu'y exerçait le clergé.
Passons par-dessus les nébuleuses implications de l’Église au cours de la guerre de Sept Ans pour en venir directement à sa partisanerie avec le Régime anglais instauré le 10 février 1763. Encore une fois, on constate rapidement une importante dissidence entre les nations autochtones et l’évêque. En fait, les ecclésiastiques ne furent pas longs à retourner leur veste lorsqu’ils constatèrent l’avancée des Anglais sur leur territoire tandis que plusieurs « nations » autochtones se rebellèrent contre l’envahisseur britannique. Tandis que Pontbriand3 et son successeur Jean-Olivier Briand prêchaient la soumission, le chef outaouais Pontiac s’engagea dans un conflit qui dura encore deux ans après la capitulation française4. C’est durant cette confrontation que le commandant anglais sir Jeffery Amherst fit distribuer des couvertures infectées de variole aux Autochtones. L’implication du grand-vicaire dans l’enrôlement de volontaires pour soutenir les efforts des Autochtones fut sévèrement dénoncé par l’évêque, qui alla jusqu’à qualifier cet effort de solidarité avec les peuples en lutte comme étant un crime. Aussi faut-il noter que l’appui de l’Église aux forces militaires britanniques fut considérablement plus important qu’il ne le fut pour la France. Les religieux allèrent jusqu’à fournir des logements aux soldats anglais, ce qu’ils n’avaient jamais fait au temps du Régime français. Malgré leur appui connaîtra un déclin considérable dans la nouvelle colonie anglaise.
C’est au cours du XVIIe siècle que l’Église catholique connut une ascencion phénoménale, non seulement au Québec mais dans l’ensemble du Canada. L’arrivée massive d’immigrantEs irlandaisEs catholiques ainsi que l’apparition de nouveaux diocèses et vicariats y jouèrent un rôle important.
Au Québec, la nomination d’Ignace Bourget au poste d’évêque fut la principale cause de cette escalade ecclésiastique. L’ancien disciple de Mgr Latrigue, appelé « l’ami du peuple » tout en étant un fervent opposant au mouvement patriote et au progrès social en général, profita de l’instabilité causée par l’insurrection de 1837-1838 pour réinstaurer l’emprise du cathéchisme sur les masses. C’est sur l’éducation et l’assistance sociale que Bourget concentra ses efforts pour regagner ses fidèles. Il va sans dire que ces initiatives eurent de nombreux avantages… pour les descendantEs européenNEs5.
Le siècle qui suivit vit l’apparition de nombreux collèges, d’œuvres de charité et d’hôpitaux d’un bout à l’autre de ce qui deviendra le Dominion of Canada en 1867. L’Église et l’État travaillèrent main dans la main pour instruire et soigner leur peuple, mais la réalité fut tout autre pour les Autocthones. En effet, cette époque fut marquée par les pires atrocités commises contre les Premiers Peuples : la création des premières réserves en 1850, l’exclusion des peuples autochtones lors de la Confédération canadienne en 1867, l’infâme Loi sur les Indiens en 1876 et, bien sûr, l’instauration du réseau de pensionnats pour enfants autochtones en 1882, contrôlé à 85 % par l’Église catholique6.
Il est difficile de faire toute la lumière sur les faits entourant les pensionnats autochtones, si ce n’est de l’intention d’éliminer la culture autochtone de la part du gouvernement et de l’Église. Il y aurait matière à s’attarder sur plusieurs autres sujets relatifs aux méfaits commis par l’Église (et qui menèrent à la séparation de l’État et du clergé en matière de santé et d’éducation lors de la Révolution tranquille), mais rien, absolument rien, ne peut se comparer aux crimes commis entre les murs des pensionnats. Bien que l’apparition de ces institutions inhumaines fut relativement tardive dans la province de Québec (1934), cela n’empêcha pas les autorités de procéder à l’enlèvement de nombreux enfants, le but étant de situer les établissements le plus loin possible des territoires autochtones.
La mission de l’État et de l’Église dans ce dossier était très simple : supprimer la langue et la culture des communautés autochtones. Le premier ministre John A. Macdonald n’a d’ailleurs jamais caché ses motifs en affirmant que le but de la Loi sur les Indiens était « de mettre fin au régime tribal et d’assimiler les Indiens sous tous les aspects pour qu’ils deviennent comme les autres habitants du Dominion ». Plus de 150 000 enfants vécurent cet enfer. L’exercice est simple : les autorités visitent la réserve, dépossèdent les parents de leurs enfants pour les emmener jusqu’à l’un des nombreux pensionnats, où ils et elles subiront les pires traitements imaginables. À l’intérieur des pensionnats, les enfants étaient assimiléEs ou y mouraient. Les abus sexuels, physiques et psychologiques y étaient pratique courante. TOUS et TOUTES les Algonquins ayant témoigné de leur expérience affirment avoir été abuséEs sexuellement. Les prêtres poussèrent jusqu’à laver les pensionnaires à l’eau de Javel dans le but de leur blanchir la peau. Certaines sources estiment les taux de mortalité à 50 % ! Bien que l’Église catholique ait administré 75 % de ces établissements, elle fut la dernière institution à se prononcer sur l’affaire en 2009. Après la mort de plus de 3 000 enfants, tout ce que le souverain pontife trouva à dire fut « désolé » de ce qui s’est passé, personnellement et au nom de l’Église.
L’Église aujourd’hui
Il faudrait probablement une vie de recherche pour englober le sujet de l’implication de l’Église au Québec. N’empêche que tous les crimes de l’Église auront eu pour effet de diminuer dramatiquement son pouvoir dans la province. Les innombrables cas d’abus sexuels par des membres du clergé, la défense de ses mêmes agresseurs par le Vatican, les horreurs commises par l’Église lors du régime de Duplessis et les niaiseries passéistes du cardinal Ouellet auront, en fin de compte, eu raison de l’Église au Québec. Effectivement, moins de 10 % (5 % pour les 18 à 34 ans) des chrétienNEs du Québec se disent pratiquantEs aujourd’hui. Le clergé annonce que les quelques 200 paroisses du diocèse québécois devraient se regrouper en une trentaine de communautés d’ici 2020, ce qui s’illustre même par le taux de baptême par naissance, en chute de 73,3 % à 69,1 %7.
Ces chiffres ont beau être rassurants lorsqu’on considère les atrocités que l’on vient d’énoncer, les valeurs chrétiennes, pour le meilleur et pour le pire, sont encore bien présentes dans notre société. On pourrait facilement faire le lien avec la crise sociale actuelle et l’acharnement de certainEs à présenter l’autre joue face à l’oppression grandissante ou encore à la docilité de la majorité silencieuse devant à l’ordre établi. Plus concrètement, le racisme, le sexisme et l’homophobie en sont des phénomènes toujours très répandus au Québec et au Canada, et il est évident que l’attitude et les dogmes prêchés par l’Église contribuent à perpétuer ces systèmes de domination. Il y a donc encore beaucoup à faire pour éliminer l’influence négative de l’Église de nos sociétés.
Notes :
1 André Berthiaume, « La fortune d’un couple mythique : Jacques Cartier et l’Amérindien », http://bit.ly/ZeSx2Z
2 Patrick Houde, « L’introduction des maladies européennes en Nouvelle-France : “Arme biologique” », http://bit.ly/16zTJNZ
3 http://bit.ly/YW3eVj
4 http://bit.ly/14Ru2KF
5 www.thecanadianencyclopedia.com/articles/fr/catholicisme
6 http://bit.ly/Z4ZxJM
7 http://bit.ly/VfnpI7 et http://bit.ly/dCLaFn
« Chasteté, pauvreté, obéissance, mon père ?
Chasteté, pauvreté, obéissance : les trois vœux prononcés par les religieux/SES lorsqu'ils et elles entrent en communauté. Mais l'Église, loin de faire ce qu'elle proclame, semble plutôt cacher son imperfection bien humaine sous ses soutanes, afin de conserver son autorité morale. De fait, lorsque les croyantEs ne suivent pas ses enseignements, ils et elles peuvent être excommuniéEs. L'élite vaticane, elle, agit de façon tellement opposée à ses valeurs qu'elle en bafoue les lois civiles : blanchiment d'argent par la banque du Vatican, viol d'enfants, violences psychologiques envers les religieuses pour les pousser à l'avortement clandestin... Au lieu de « chasteté, pauvreté et obéissance », Rome propage l'opulence, la satisfaction de l'ego, le viol de femmes, d'enfants... et protège les monstres de sa monarchie théocratique.
Pauvreté
En 1942, suite à l'Accord du Latran entre Mussolini et le pape Pie XI, le Vatican s'est doté d'une banque1. Et elle ne porte pas n'importe quel nom : Institut pour les œuvres de religion (IOR). Or, il semblerait que ces œuvres ne sont pas exactement ce à quoi une âme pieuse pourrait s'attendre. Cette banque serait « riche de 6 milliards d'euros et de 44 000 comptes très secrets, dont celui du Souverain Pontife2 ». D'autres parlent même de 50 milliards de dollars en titres3, ce qui nous éloigne encore plus de la pauvreté et du partage, et de la parole même que l’Église prétend répandre : « Il a renversé les potentats de leur trônes et élevé les humbles. Il a rassasié de biens les affamés et renvoyé les riches les mains vides4. » (Luc 1, 52-53)
Pourquoi une institution dont le livre sacré proclame la redistribution des richesses, conserve-t-elle des milliards dans ses comptes bancaires, alors que les deux tiers de la planète sont sous le seuil de la pauvreté ? Et comment le nouveau pape peut-il emprunter son nom à saint François d'Assise, prêcheur des pauvres ? Comment peut-il annoncer dans sa première homélie vouloir rapprocher le pontificat des pauvres de ce monde ? Comment peut-il s'assoir sur un tel trésor colonial sans passer à la confesse ?
Le Vatican, en plus de se vautrer dans l'opulence et l'avarice (des péchés capitaux, faut-il le rappeler), a la fameuse réputation d'être près de la mafia italienne et de blanchir de l'argent provenant du narcotrafic. Après le retentissant scandale entourant Sidona et Calvi5 dans les années 1970, plus récemment, la police italienne a annoncé qu'un haut responsable de l'IOR est sous enquête pour blanchiment d'argent. En 2010, la police italienne saisissait 23 millions d'euros de cette banque « par précaution6 ». Dans cette affaire, le Vatican a même eu le culot d'effectuer des transactions avec la JP Morgan Chase, la banque qui a créé les subprimes en cause dans la crise économique de 2008 !
Les banquiers de Dieu sont tellement corrompus que, le 3 janvier 2013, on apprenait que même la banque d'Italie a décidé de bloquer toutes les transactions faites par cartes de crédit dans sa cité-État du Vatican7 !
Chasteté
L'Église demande la chasteté : soit la chaste abstinence pour les religieux et religieuses, soit la chasteté dans le mariage... ce qui veut dire n'avoir de relations avec personne d'autre que son époux/épouse. Pourtant, des prêtres, du haut de leur pouvoir, manipulent des enfants pour poser des gestes atroces. Comment se peut-il qu'une institution ayant créé autant de victimes s'en sorte toujours ? Comment est-ce possible que le pape continue de se soustraire à la loi ?
Certes, il y a des pédophiles qui coachent des équipes de jeunes sportifs/sportives ou qui sont profs. Mais ceux qui se cachent sous la soutane jouissent d'impunité à cause de leur insupportable pouvoir moral sur les fidèles et, surtout, parce que les plus hautes autorités politiques et vaticanes protègent constamment les agresseurs. « Une victime [...] affirme avoir subi des abus sexuels de la part d'un prêtre irlandais dans les années 60 à Portland, dans l'Oregon, alors que celui-ci avait déjà été confondu pour pédophilie en Irlande puis à Chicago. La victime accuse le Vatican de ne pas avoir défroqué le prêtre ou au moins de ne pas l'avoir sanctionné et écarté8. »
Si on fait référence aux autorités politiques, c'est que non seulement les abuseurs sont protégés par Rome, mais que même Obama empêche les enquêtes de remonter jusqu'au Vatican9. Dans cette affaire de pédophilie, l'administration Obama déposait en 2010 une requête devant la Cour suprême des États-Unis, lui demandant de statuer en faveur de l'immunité du Vatican afin d'empêcher que les monarques en robe rouge de Rome ne soient questionnés. Malgré sa majorité protestante, le pays le plus puissant de la planète est donc un allié important de la papauté catholique.
François Ier transformera-t-il l'Église ? Le Survivors Network of those Abused by Priests (SNAP) et le Washington Post semblent convaincus du contraire. Pendant les 14 ans où il fut archevêque de Buenos Aires, Bergoglio n'aurait pris aucune action pour protéger les victimes de prêtres pédophiles et n'aurait pas non plus demandé pardon aux familles des victimes10.
Obéissance
L'Église demande à ses religieux/SES, et au reste du monde, d'obéir à ses dogmes et à sa morale. Elle condamne l'avortement et accuse les femmes qui se font avorter de commettre un meurtre. Outre l’abstinence, elle est complètement fermée à toute forme de contraception. Or, son action en Afrique, entre autres, est taxée de véritable génocide dans des régions où l'usage du condom permettrait d'endiguer l'épidémie de sida, première cause de mortalité sur le continent.
Mais voici que les prêtres, du haut de leur statut de ministres ordonnés, échappent à la morale ecclésiale sur la contraception. Il semble même que l'avortement soit une solution lorsque c'est un prêtre qui demande à une religieuse de se faire avorter... après qu'il l'ait violée : « Dans un second rapport remis en 1995, Maura O’Donohue rapporte l’histoire d’une religieuse morte au cours d’un avortement : le prêtre qui l’avait mise enceinte, et conduite à l’hôpital pour y remédier, a célébré sa messe de funérailles11 ! »
Du moins, le Saint-Siège ne semble pas s'en faire avec le viol de religieuses. Sœur Maura O’Donohue et l'abbé Vitillo ont beau dénombrer une quantité phénoménale de religieuses abusées par des prêtres (plusieurs en Afrique, mais aussi en Occident), les autorités ecclésiales font la sourde oreille ou minimisent les faits12 ! Pendant ce temps, les religieuses se retrouvent renvoyées de leur communauté, seules pour élever un enfant. Elles doivent devenir la deuxième ou la troisième femme d'un homme (en Afrique), ou doivent se prostituer pour subvenir aux besoins de leur enfant... si le prêtre ne les a pas poussées à prendre la pilule du lendemain ou à se faire avorter dans la clandestinité13.
Ces prêtres sont-ils excommuniés comme le sont les femmes qui se font avorter ? NON ! Rome garde tout cela sous le tapis pour préserver l'apparence de perfection divine de leurs prêtres. Et ce sont les femmes, toujours considérées comme la source du péché depuis Ève, qui en paient le prix.
Le nouveau pape va-t-il changer quoi que ce soit ?
La frénésie médiatique nous a renseignés quant à la complicité du nouveau pape avec la dictature militaire en Argentine (1976-1983). On nous a rappelé l'histoire des frères jésuites victimes de disparition forcée, que Bergoglio aurait désavoués pour « maintenir la non politisation de l'Ordre des jésuites et la préserver de la théologie de la libération14 ». Mais peu de médias évoquent la militance fasciste du nouveau pape au sein du mouvement péroniste15.
Rappelons donc que, dans les années 1960, Bergoglio militait dans la Guardia de Hierro, un secteur juvénile du Commandement national péroniste (CNP). Cette organisation péroniste de type paramilitaire, catholique et antisémite s'inspirait du mouvement roumain du même nom, commandé par l'un des précurseurs du nazisme, Zelea Corneliu Codreanu. C'est au sein de la Guardia de Hierro argentine que le nouveau pape a fait la connaissance de l'amiral Emilio Massera, qui serait ensuite membre de la junte militaire pendant la dictature. Lors du gouvernement de Peron qui a précédé la sanglante dictature militaire, Bergoglio était également membre de la Organización Única del Trasvasamiento Generacional (OUTG). Anticipant le coup d'État par les militaires, Peron avait fondé cette organisation dans le but de créer une « arrière-garde » qui ne s'engagerait pas dans la lutte armée contre la dictature et pourrait donc poursuivre l’œuvre péroniste en collaboration avec la junte militaire. C'est grâce à son implication au sein de l'OUTG que Bergoglio s’est vu offrir le contrôle de l'Université del Salvador avant d'accéder à la haute direction nationale des Jésuites (en 1973). Après le coup d'État par la junte militaire (1976), l'OUGT s’est dissoute et ses ex-membres à la tête de l'Université del Salvador ont formé la Hermandad de la Sagrada Familia : une secte secrète dirigée par Ezcurra Uriburu, ancien leader fasciste du mouvement nationaliste Tacuara, qui partageait et encensait religieusement les vues national-catholiques de la Junte militaire16.
D'un autre côté, il faut savoir que dans les communautés à la base de l'Église en Amérique latine (chez les Sans Terres, les camilistes, etc.), en Afrique et aussi sur les autres continents, on peut retrouver des adeptes de la théologie de la libération, de théologies féministes, écologistes et anarchistes... Ils et elles peuvent être de solides résistantEs à la colonisation, à l'impérialisme, au capitalisme, à l'autoritarisme, etc. Même que certainEs, comme Simone Weil ou Camillo Torres, se sont battuEs au péril de leur vie contre ces fléaux. On ne saurait affirmer s'ils et elles sont toujours chastes, mais il est clair qu'ils et elles sont toujours solidaires avec les pauvres et qu'ils et elles obéissent au principe de justice en premier. C’est également au nom de cette valeur qu’ils et elles désobéissent toujours aux puissances colonisatrices, dont les autorités ecclésiales.
À la lumière de ces informations, peut-on croire que le nouveau pape latino-américain François Ier se battra pour plus de justice et d'intégrité au sein de l'Église ? Ces faits nous permettent d'en douter fortement...
L'Église prêche la pauvreté, la chasteté et l'obéissance, alors que la papauté est riche, qu'elle protège les pires porcs et s'approprie le pouvoir en flirtant avec les empires, les autoritaires, les dictateurs, les fascistes...
Notes :
1 http://bit.ly/ztJhw7
2 http://bit.ly/VVmmne
3 Paul Williams, Les dossiers noirs du Vatican, Saint-Martin-de-Londres, Éditions H&O.
4 Lc 1, 52-53 (Évangile selon Luc, chapitre 1, versets 52 et 53).
5 http://bit.ly/10A0Emn
6 http://bbc.in/97oBp6
7 http://bit.ly/VzIn8J
8 http://bit.ly/XgwLsg
9 Ibid.
10 http://wapo.st/WzQG58 et www.snapnetwork.org
11 http://bit.ly/10Ahguj
12 Ibid.
13 Ibid.
14 La théologie de la libération fait irruption à partir des années 1960 conjointement avec l'idéologie « tiers-mondiste » et aux luttes de décolonisation en Afrique. Développée en Amérique latine, cette approche du christianisme aborde conjointement les questions de foi et de changement social. En rupture avec le fatalisme de l'Église qui promet aux pauvres le salut dans l'au-delà et les enjoint à souffrir ici-bas aux côtés du Christ, les « curés va-nu-pieds » rejettent les termes assistancialistes et paternalistes de la mission de foi au profit de l'« Option préférentielle pour les pauvres ». Selon eux, « l'Église du peuple » doit prendre le parti des pauvres, défendre leurs intérêts et appuyer leur émancipation. « Je suis révolutionnaire chrétien, parce que l'amour envers le prochain est l'essence du christianisme et que ce n'est que par la révolution que l'on peut obtenir le bien-être de la majorité des gens. » - Camillo Torres, prêtre colombien et guérillero de l'ELN (1929-1966).
15 http://bit.ly/114emyx
16 Ibid.
17 Gouvernée uniquement par des hommes puisqu'elle ne peut être gouvernée que par des prêtres.
De « christianime révolutionnaire » à « religion d'État »
Certains historiens critiques croient que l'activité de Jésus se déroulait dans une époque de révolutions et de soulèvements permanents et que son mouvement était composé de pêcheurs, de paysans et des éléments les plus pauvres de la société en général. Selon les recherches sociologiques d'Erich Fromm dans son livre Le dogme du Christ, celui-ci n'était pas un saint mais bien un leader social et ceux qui l'ont appuyé étaient « les masses des pauvres analphabètes, le prolétariat de Jérusalem et les travailleurs de la campagne qui, à cause de l'oppression politique, du rejet et de la restriction sociale grandissante envers eux, sentaient toujours plus la nécessité de changer les conditions existantes ». Il se serait agi d'un mouvement de contestation sociale contre les riches, l'injustice et l'oppression. Selon lui « le christianisme primitif était hostile à l'autorité et à État. Il satisfaisait les désirs révolutionnaires des classes pauvres. Le christianisme, qui fut élevé au rang de religion officielle de l'Empire romain 300 ans plus tard, avait une fonction sociale complètement différente. Cette fois-ci il était destiné à être une religion autant pour les dirigeants que pour les dirigés, mais surtout pour le contrôle social. Le christianisme ainsi redessiné remplissait une fonction que l'empereur seul ne pouvait pas assurer de manière si complète, c'est-à-dire l'intégration des masses dans le système absolutiste de l'Empire romain1.
Par ailleurs, si, avec l'avènement du capitalisme, l'Église perd le pouvoir absolu qu'elle avait durant l'époque féodale, elle est loin d'avoir perdu toute son influence. L'Église catholique en tant qu'institution s'est toujours alliée aux détenteurs du pouvoir économique : les rois, les seigneurs, les entrepreneurs. D'un christianisme revendicatif, prolétaire et révolutionnaire qu'on aurait connu dans un premier temps, on a vite fait une religion conservatrice et intransigeante, soutenue par la minorité riche, comme moyen effectif de maintenir son pouvoir politique. Officiellement, l'Église continue de se préoccuper des pauvres, mais dans une perspective qui justifie la construction pyramidale de la société et qui défend le droit d'une minorité privilégiée de faire usufruit du pouvoir et de la richesse « pour le bien des hommes et le salut du monde » ! L'Église en tant qu'institution, tant au Moyen Âge que durant toute l'ère capitaliste jusqu'à aujourd'hui, s'est toujours alignée du côté des puissants. C'est ce qu'ont dénoncé avec fermeté les partisans de la « théologie de la libération » et les « curés rouges » tels qu'on les a nommés en Amérique latine durant l'époque de la Guerre froide, qui ont continué de revendiquer les principes égalitaires du christianisme primitif, parfois en allant jusqu'à prendre les armes contre l'ordre établi : « Nous faisons un appel aux divers secteurs populaires et révolutionnaires afin que, au sein de leurs organisations et en fonction de leurs luttes, ils n'oublient pas la responsabilité qu'ils ont devant eux-mêmes et devant l'histoire afin que, recherchant des objectifs communs, ils essaient de trouver des forme unitaires d'action et de solidarité qui conduisent à un front révolutionnaire capable de rompre les chaînes et d'inaugurer l'avenir2. »
Notes :
1 FROM, Erich. El dogma de Cristo. Buneos Aires : Ed. Paidos, 1964.
2 Déclaration de la seconde rencontre du groupe de prêtres Golconda, s'étant réunis en 1968 en Colombie. Cette déclaration a été surnommée par ses détracteurs « le livre rouge des curés rebelles ». Le mouvement de Golconda fut fortement inspiré par Camilo Torres, un prêtre et leader populaire mort au combat au sein de l'ELN (Armée de libération nationale). Ils furent parmi les précurseurs du courant de pensée de la « théologie de la libération ».