Les gens qui prennent la rue en grand nombre pour manifester contre le G20 le font pour une raison très simple: signaler leur rejet des effets nocifs qu'entraînent les politiques du G20 dans leur vie et dans celle de leurs frère et sœurs partout sur la planète. En tant que Convergence des luttes anticapitalistes, nous nous sommes ponctuellement organiséEs en opposition au G20 pour les mêmes raisons qui nous poussent à nous organiser au jour le jour, d'année en année, dans nos communautés: parce que nous sommes écoeuréEs de la façon dont les plus puissantes économies continuent à transférer massivement la richesse des plus pauvres vers plus riches… en prétendant que cet obscène détournement n'est rien d'autre qu'une saine «gestion»de l'économie mondiale.
Depuis l'époque de la colonisation et de l'esclavage, les pays de ce qui constitue aujourd'hui le Nord global, ou le « monde occidental », ont pillé les ressources et exploité la force de labeur de ce que nous appelons le Sud global, tout en donnant des miettes en retour. Des anciennes plantations de coton, de sucre et de café jusqu'aux méga plantations de l'agro-industrie moderne, en passant par les Programmes d'ajustement structurel, l'économie globalisée perpétue le même schéma de pillage systématique. Près de 500 milliards de dollars sont transférés du Sud au Nord chaque année. Des décennies « d'ajustement structurel », de privatisation des services sociaux et de transfert de la propriété de la terre et de la production agricole aux intérêts étrangers ont systématiquement approfondi les conditions de pauvreté dans les anciennes colonies. En même temps, les administrateurs des puissantes économies du Nord se remplissent les poches, même au cœur des prétendues « crises économiques ».
Nous nous opposons au fait que, malgré que les marchandises circulent librement au-delà des frontières, il est de plus en plus difficile pour les migrantEs de s'établir de façon sécuritaire et légale dans d'autres pays pour y vivre leur vie avec dignité, au lieu d'être considéréEs comme des « parasites » qui «ne mérite pas la chance qu'ils ont ». Les véritables parasites sont les leaders de l'économie mondialisée, qui exploitent impunément le travail des plus pauvres. Nous nous opposons également à la dépendance croissante des pays du Nord sur les programmes de travailleurs temporaires, en vertu desquels les migrantEs sont traitéEs comme de la marchandise, utiliséEs pour faire le travail dont personne ne veut, puis déportéEs sans pitié. Nous n'acceptons pas que leurs corps soient traités comme des outils pour générer des profits et accumuler de la richesse dans les usines et les champs du Nord global, et non pas comme des êtres humains à part entière, qui méritent de s'installer ici et de fonder un foyer.
Les profits n'ont tout simplement pas plus de « valeur » que la vie humaine. Nous nous opposons à la façon par laquelle la prétendue «crise économique » est utilisée par le gouvernement du Canada et des provinces pour mettre en place des programmes d'austérité, qui ne peuvent et ne doivent pas être compris autrement que comme une guerre contre les pauvres. Nous ne pouvons que nous opposer aux compressions des services sociaux, des services aux femmes, des programmes de lutte à la pauvreté, de soutien aux communautés autochtones, alors que le budget alloué à la construction de nouvelles prisons a presque doublé au Canada.
Nous croyons que les pays du G20 n'ont aucune juridiction légitime dans un pays qui a été construit sur des terres volées aux autochtones, avec l'exploitation du labeur de personnes de couleur, ici et partout sur la planète.
Nous croyons que les 20 plus grosses économies mondiales ne peuvent pas être considérées comme moralement légitimes pour gouverner l'économie de la planète au complet, étant donné que le système capitaliste mondial est fondé sur le pillage des ressources et l'exploitation systématique. Nous nous opposons au G20 parce que nous désirons des modèles économiques et politiques qui sont sensés, consensuels, justes et non coercitifs, et que nous refusons de reconnaître la légitimité du pillage légalisé qui définit le contrôle qu'exerce le G20 sur nos vies.