Nos poches se vident, celles des banques débordent ! Allons chercher l'argent là où il se trouve !
Le printemps est synonyme de renouveau, de retour de la lumière et de la chaleur. C'est aussi le temps où nos riches crosseurs locaux sortent de leurs repaires tropicaux pour assister à la quintessence capitaliste que sont les assemblées annuelles des actionnaires. Si la plupart des banquiers se tiennent loin des ratonnes et ratons montréalais, la Banque Nationale (BN) tient toujours son assemblée annuelle à son siège social, situé près du Square Victoria et de ces autres monuments de la fraude que sont la tour de la Bourse et le Centre du commerce mondial.
Le 21 avril prochain à 09h00, accueillons le renouveau printanier au coin de la Gauchetière et de la Côte du Beaver-Hall en mettant au grand jour le pillage des richesses par les banques et en chahutant les actionnaires de la BN !
Qui est la Banque Nationale ?
La BN est la sixième banque en importance au Canada. Ne laissez pas ce rang vous berner : la banque gère près de 400 milliards de dollars en biens, actions et immeubles, et représente une économie plus grande que celle de plusieurs nations.
Le conseil d'administration de la BN est un véritable Who's who du gros cash sale québécois, incluant des personnalités de marque comme Raymon Bachand, ex-ministre des finances du Québec et fier propagandiste de la «juste part» des étudiantEs de 2012; André Caillé, leader de la fracturation hydraulique et de l'exploitation gazière au Québec; et Richard Fortin, administrateur chez notre exploiteur du cheap labor local mieux connu sous le nom de Couche-Tard.
Cette «petite» banque a déclaré en 2016 des revenus de 5,8 milliards de dollars, desquels 1,2 milliards sont allés directement dans les poches des actionnaires. Sur ces 5,8 milliards de dollars, la BN n'a versé qu'un maigre 114 millions de dollars en impôts [1] ... un taux effectif d'imposition de 1,95%. Il faut croire que la «juste part» est un concept à deux vitesses.
Pourquoi la Banque Nationale est un nid de rapaces ?
Cinq membres du conseil d'administration de la BN sont aussi administrateurs d'entreprises d'exploitation gazière et pétrolière. Il n'est donc pas surprenant de voir la BN impliquée dans des achats massifs de terrains voués à l'exploitation gazière et pétrolière [2]. Elle octroie aussi des prêts à des entreprises impliquées dans l'exploitation des sables bitumineux en Alberta [3]. La position officielle de la BN, qui prétend contribuer à la préservation de l'environnement, est donc, sans surprise, un joli mensonge destiné à calmer l'opinion publique (greenwashing).
Qui dit banque, dit lobbying. La BN a plusieurs lobbyistes enregistrés auprès de l'Assemblée nationale du Québec [4]. En 2004-2005, la BN a notamment embauché un lobbyiste afin d'obtenir des réduction fiscales pour les «centres financiers internationaux» dont elle fait partie. Comme on peut s'en douter, ces modifications ont été très profitables à nos riches crosseurs locaux et ont facilité l'évitement fiscal légal dans des paradis tropicaux qu'on ne connaît que trop bien.
Peu de gens au Canada savent qu'après la crise de 2008, les banques canadiennes ont bénéficié d'un renflouement (bailout) deux fois plus important que les banques américaines [5]. Alors que le gouvernement fédéral affirmait que les banques canadiennes étaient plus solides que leurs comparses américaines, la réalité démontrait exactement le contraire [6]. La BN étant moins importante que les autres banques canadiennes, elle a reçu un montant inférieur mais néanmoins estimé à 4,5 milliards de dollars [7], soit près de l'équivalent de l'ensemble de ses revenus pour une année complète !
Si les planificateurs financiers étaient plus honnêtes et n'avaient pas poussé la vente de produits financiers douteux, la crise de 2008 n'aurait probablement pas eu lieu. L'avenir n'est pas plus radieux : la BN s'est positionnée contre la formation d'un ordre des planificateurs financiers destiné à faire ménage dans les pratiques frauduleuses ayant mené à la crise [8]. Après tout, pourquoi prévenir une crise, quand on sait que le public paiera pour réparer les pots cassés ?
Le 21 avril, jour de colère !
Le 21 avril, allons chercher notre «juste part» ! Les gras actionnaires vont se partager plus de 1,2 milliards de dollars sur notre dos, allons leur rappeler que cet argent, c'est dans nos poches qu'ils l'ont pris !
[1] Voir le rapport annuel de 2016 de la Banque Nationale, page 175.
[2] Voir http://boereport.com/2016/06/21/birchcliff-buys-encanas-gordondale-montney-for-488-million/
[3] Voir http://www.lexpert.ca/article/marquee-energy-and-alberta-oilsands-complete-arrangement-transaction
[4] Voir https://www.lobby.gouv.qc.ca/servicespublic/consultation/ConsultationCitoyen.aspx
[5] Les banques américaines ont reçu 700G$, soit l'équivalent de 3,8% de l'économie américaine. Les banques canadiennes ont reçu 114G$, soit l'équivalent de 7,6% de l'économie canadienne.
[6] Voir http://www.cbc.ca/news/business/banks-got-114b-from-governments-during-recession-1.1145997
[7] Voir https://www.policyalternatives.ca/publications/reports/big-banks-big-secret
[8] Voir http://journal-assurance.ca/article/planification-financiere-pas-dordre-professionnel/