Au Festival de Cannes de 2023, Les Jours parfaits remporte un prix d’interprétation pour son acteur principal, Kōji Yakusho. Ce film, gratifié d’un prix prestigieux, raconte le quotidien de Hirayama, un employé à l’entretien des toilettes publiques de Tokyo. Ce travailleur modèle mène une vie structurée autour de routines et de passions, qui lui procurent une sérénité et lui permettent d’« apprécier simplement la vie ».
En effet, quoi de plus satisfaisant que de récurer des toilettes à longueur de journée? Comment rendre grâce aux employeurs qui lui permettent de torcher de la marde avec le sourire? Tout au long du film, Hirayama est présenté comme un être parfaitement heureux, malgré son aliénation totale. Que ce soit la volonté ou non du réalisateur, ce récit absurde et ridicule transmet un discours déresponsabilisant qui conforte les auditeur·rice·s dans leur sentiment d’impuissance. Une telle œuvre d’art, sanctionnée par la voie royale des institutions cinématographiques, diffuse un discours contestable car incitant à la passivité. À l’acceptation totale de nos conditions d’exploitation. À la résignation.
Or, à l’heure des génocides palestinien, ukrainien et autochtone, rien ne peut justifier la passivité. Alors que les industries forestières et minières continuent de piller les territoires autochtones non-cédés au soi- disant Canada et ailleurs dans le monde, rien ne peut justifier l’inaction. Pendant qu’Hydro-Québec harnache de nouvelles rivières au nom de la « transition énergétiqueTM », pendant que des entreprises comme Northvolt exploitent les écosystèmes et tirent profit de la filière batterie, contre ces écocides mal déguisés, il est urgent de se révolter. Tandis que les gouvernements adoptent des politiques d’immigration racistes et discriminatoires envers les étudiants « étrangers- ères », impossible de rester indifférent·e·s. Lorsque les banques et les propriétaires exploitent la population, et particulièrement les personnes les plus vulnérables, la résistance s’impose.
En réponse à toutes ces injustices et horreurs, et à toutes celles qui ne sont pas mentionnées, ce journal adopte l’humour. En effet, les pages suivantes tournent en dérision quelques- uns de nos ennemis capitalistes. Il s’agit de fausses nouvelles et de fausses annonces.
Au lieu de se rouler en boule en-dessous d’un divan, mieux vaut prendre soin de soi et rire, pour trouver la force de lutter. Puis de continuer à lutter. Contre les discours de fausse innocence et de résignation, ce journal manie l’ironie comme arme de défense. En espérant te faire éclater de rire!