Une autre tendance actuelle du travail est l’utilisation de sous-traitants ou d’agences de placement (ex. : Adecco, Manpower, Distinction, Empire…). Ces agences engagent des masses d’employéEs, qui sont par la suite placéEs de manière temporaire dans les entreprises qui en ont besoin. Pour ces entreprises, il s’agit d’une opportunité en or : les ressources humaines sont gérées par d’autres, les conditions sont négociées avec l'agence de placement plutôt que la personne salariée, il est plus facile de se débarrasser d’une main-d’œuvre d’agence que de ses propres employéEs, et les contrats sont souvent très courts. Tout cela permet une flexibilité inégalée au détriment de conditions de travail déplorables pour les travailleuses et travailleurs. À noter que la main-d’œuvre d’agence est d’ailleurs majoritairement féminine.
En effet, si les lois du travail empêchent de virer unE employéE sans raison juste et suffisante, un employeur peut refuser la présence d’unE employéE d’agence. L’agence peut par la suite, légalement, virer l’employéE « faute de travail ». Cette entourloupe permet donc aux plus riches de contourner les lois protégeant les plus vulnérables.
Autre avantage pour un employeur, il est très difficile pour les employéEs d’agence de se solidariser. En effet, il est tout à fait possible pour unE employéE de travailler un jour dans un entrepôt de Lachine, et de travailler le lendemain dans une usine de St- Laurent. Ces déplacements constants empêchent de tisser des liens entre travailleuses et travailleurs, ce qui rend toute riposte collective difficile. Les immigrantEs sont particulièrement vulnérables, elles et eux dépendent en effet souvent du bon vouloir des agences pour obtenir leur permis de travail.
Finalement, les agences sont une occasion pour les riches d’empocher deux fois. En effet, l’entreprise engageant unE employéE d’agence se fait déjà un joli profit sur le travail de celle-ci ou celui-ci. L’agence se taille aussi un juteux profit en chargeant 20 $/h à la compagnie qui engage l’employéE, tout en payant celle- ci ou celui-ci au salaire minimum.
L’entreprise Vidéotron en est un bon exemple. Après une grève en 2003, l’entreprise a supprimé beaucoup de postes de technicienNEs1. Ces postes sont soudainement réapparus plusieurs années plus tard chez une agence connue pour ses pratiques douteuses, SC3602. Qui se cache derrière cette agence? Nul autre que Guy Laliberté, notre milliardaire local3. Comme quoi on ne devient pas milliardaire en donnant des conditions de travail décentes. Les conditions de travail chez SC360 sont bien résumées par ce message d’unE employéE à la direction : « Allez en taule, bande de fraudeurs4 ».
Notes :
1. Voir http://bit.ly/2l3uO4Q
2. Voir http://bit.ly/2lt065S
3. Voir http://bit.ly/2l3t23C
4. Le texte original dit : « Go to jail, con artist ». Voir http://bit.ly/2ky891R