Montréal, le 6 mai 2015 – Encore une fois, malgré un dispositif répressif chaque année plus imposant, la Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC-Montréal) a réussi à prendre la rue ce 1er mai à l'occasion de la Journée internationale des travailleuses et des travailleurs. Encore une fois en 2015, la police peut se vanter d'avoir déployé une machine à rendre jaloux les plus grands dictateurs de ce monde.
Que ce soit par une utilisation massive de gaz irritants, lancés de manière indiscriminée à travers des familles, des personnes à mobilité réduite et des touristes. Que ce soit par des arrestations arbitraires, effectuées à grands coups de poing au visage. Que ce soit par des encerclements aléatoires, où militantEs et touristes se voient remettre une contravention en vertu du règlement municipal P-6, de l'article 500.1 du Code la de la sécurité routière (provincial) ou de la définition d'attroupement illégal prévue au Code criminel (fédéral), selon l'humeur de la police.
Les médias de marde ont abondamment cité le nombre de flics blessés, mais qu'en est-il des militantEs blesséEs, physiquement ou psychologiquement ? Comme le disait si bien une militante lors de la grève étudiante de cette année : « C'est une chose de voir une vidéo, c'en est une autre de le vivre sur place et de se voir complètement impuissante... » Nous profitons d'ailleurs de l'occasion pour rappeler aux arrêtéEs et aux personnes connaissant des arrêtéEs de contacter la CLAC en écrivant à defense@clac-montreal.net. Nous invitons aussi les victimes de la police à parler à leur entourage : militantEs, amiEs, parentEs, afin de ne pas garder en eux les traumatismes vécus lors de la soirée du 1er mai.
Nous en profitons aussi pour faire remarquer que cette violence policière, qui pourrait être surprenante pour la majorité québécoise blanche, est relativement habituelle pour de grands segments moins privilégiés de la population. Pour les personnes vivant en situation d'itinérance, les marginaux et les personnes de couleurs, surtout les jeunes, les arrestations brutales sont la norme. Pour une soirée, une partie de la majorité privilégiée a pu voir ce que le reste de la population subit le reste de l'année.
Malgré l'ultra-violence du SPVM, à laquelle nous sommes malheureusement habituéEs, nous avons réussi à prendre la rue. Et qui plus est, nous l'avons prise selon nos propres termes, en choisissant nos propres itinéraires, comme il se doit d’une manifestation digne de ce nom. Le ton a été donné dès le début de la journée par des centaines, voire des milliers, de syndiquéEs et militantEs, qui ont bloqué des autoroutes, des milieux de travail et des bastions de la haute finance. Parmi les cibles bloquées, nommons en particulier le monument capitaliste qu'est le Centre de commerce mondial, le refuge de la Chambre de commerce qu'est le Palais des congrès, et le berceau de la corruption qu'est le club privé 357C.
En soirée, l'assaut a été donné dès le point de départ, où la police a tenté d'imposer de force un itinéraire aux manifestantEs. La quantité massive d'insoumisEs aux différents points de départ a permis de défier les barrages de flics, aidéEs en cela par des contingents autonomes arrivant du Sud-ouest, de Concordia, du Vieux-Montréal, de St-Laurent, de Villeray, d'Ahuntsic, de Rosemont, du Plateau et d'Hochelaga-Maisonneuve. La marche a continué vers l'ouest jusqu'au coin Maisonneuve/McGill College, où la police, en parfaits larbins des crosseurs capitalistes, s'est imposée pour défendre la banque corrompue HSBC et les bureaux du premier sinistre Philippe Couillard. Les volées de gaz et les assauts violents de l'escouade anti-émeute se sont ensuite répétés au centre-ville, mais malgré les multiples dispersions, d'importants contingents ont réussi à se reformer et à perturber le secteur du nouveau « Golden Square Mile » pendant au moins deux heures. Comme nous l'avions promis.
Malgré les propos de certainEs journaleuses et journaleux, les personnes qui sont venues ce soir-là étaient forts conscientes des risques : on rappelle que cette année était la huitième édition de la manifestation autonome anticapitaliste du 1er mai à Montréal. Les personnes aux points de départ étaient prêtEs à défier les lois répressives qui nient le droit de manifester et à faire face aux conséquences. Sur le terrain, nous avons pu constater que la grogne était omniprésente, chez les jeunes comme les plus âgéEs, chez les chômeurs comme les syndiquéEs, chez les francophones comme les anglophones. La manifestation a démontré le ras-le-bol généralisé de la population contre une série de gouvernements qui se suivent et qui se ressemblent, contre une « austérité » en vogue qui rappelle un « déficit zéro » de jadis, qui rappelle une « réingénierie de l'État » d'il n'y a pas si longtemps. L'austérité n'est que le nouveau masque du capitalisme débridé, et nous rappelons que ce n'est pas seulement l'austérité qu'il faut combattre, mais tout l'édifice capitaliste qu'il faut abattre!
Aux crosseurs capitalistes et à leurs larbins politiques, médiatiques, institutionnels et policiers, nous posons la question suivante. Malgré tout vos efforts destinés à réprimer ce 1er mai, le peuple a réussi à prendre la rue et à exprimer sa colère. Le 1er mai 2015, une importante partie de la population a découvert sa force, a découvert son potentiel de changer les choses, de changer votre monde. Que ferez-vous cet automne, lorsque l'ensemble de la société civile se soulèvera contre votre dictature économique ? Que ferez-vous lorsque vos larbins ne suffiront plus à endiguer le tsunami contestataire qui pointe à l'horizon ? Ce printemps 2015 a été chaud. L'automne 2015 sera brûlant.