L’OTAN est, et a toujours été le bras armé de l'impérialisme des États-Unis et, plus largement, du Nord global. Elle incarne son pouvoir à travers des interventions militaires directes et indirectes, notamment au Moyen-Orient, où Israël (une création des puissances coloniales occidentales), bien que non-membre de cette alliance, bénéficie d’un soutien inconditionnel des pays membres. Vu sa complicité avec les crimes contre l’humanité et les violations de droits humains commis en Palestine depuis des décennies et en maintenant le silence sur le génocide en cours à Gaza, l’OTAN est en contravention de sa propre charte fondatrice qui stipule que les États membres s’engagent à l’égard des buts et principes de l'ONU.
La Palestine occupée : laboratoire du complexe militaro-industriel du Nord global
L’entité sioniste fait parti du club VIP des alliés majeurs non-membre de l’OTAN, lui offrant ainsi un accès prioritaire et quasi illimité aux technologies militaires les plus avancées des États-Unis et de l’Europe. L’enfermement criminel de Gaza - la plus grande prison à ciel ouvert de la planète - est rendue possible par des outils de contrôle et de surveillance à la fine pointe de la technologie militaire primée par l’OTAN. Cela s’incarne entre autres dans les murs-frontières qui servent à la fois d’outils de mise à l’écart de la population colonisée et sous occupation, de systèmes de surveillance et de contrôles des vies par checkpoints. L’objectif final est d’empêcher les Palestinien·nes de s’unir dans leur résistance face à 76 ans d’occupation. Les stratégies d’emmurement d'Israël se caractérisent par des barrières physiques composées de grillages de métal, de béton armé, de caméras de surveillance, de drones et de tourelles militaires où opère la milice sioniste. À ces barrières physiques s'ajoutent la cybersurveillance, la reconnaissance faciale et l’espionnage constant. La Palestine est, pour ainsi dire, un terrain d’expérimentation pour l’industrie militaire et technologique israélienne soutenue logistiquement et financièrement par le Nord Global. Non seulement les dictatures militaires du monde s'approvisionnent auprès d’entreprises israéliennes en armes et en technologies de contrôle, mais les membres de l’OTAN les utilisent aussi sur leurs propres populations. Par exemple, en 2012, les balles de plastique de la Sûreté du Québec (SQ) qui ont crevé les yeux et défiguré les militant·es étudiant·es avaient d’abord été testées par les forces répressives sionistes.
Par son Fonds d’innovation, l’OTAN facilite l’accès à des technologies militaires de fine pointe pour l’armée sioniste. Par ailleurs, leur slogan «Investing 1 billion to Secure the future» n’est pas sans rappeler un fameux slogan de suprémacistes blancs (14 words1). En juin 2024, on apprenait que l’OTAN soutiendrait quatres entreprises européennes œuvrant dans les technologies militaires de pointe comme ARX Robotics qui construit des drones sans pilotes ou Fractile qui se spécialise dans la fabrication de puces. Le Fonds d’innovation de l'OTAN a aussi injecté de l’argent dans des fonds de capital-risques2 (venture capital) qui se spécialisent dans la cybersécurité, l’intelligence artificielle et le big data. Ces investissements démontrent la volonté de l’OTAN de soutenir des stratégies de guerre technologique sous prétexte de mener une guerre supposément plus propre et humaine en offrant l’opportunité de faire des frappes de précision. Pourtant, depuis le 7 octobre denier, on a plutôt vu que les drônes propulsés par intelligence artificielle et les nombreuses autres formes d’automatisation militaire de l’armée sioniste tuent de manière massive et indistincte la population palestinienne.
L'OTAN : une machine impérialiste à visage découvert depuis les années 1990
L’OTAN a longtemps utilisé la soi-disant menace imminente d’un ordre mondial dirigé par l’Union Soviétique pour cacher son réel visage, celui de l’expansion de l’hégémonie capitaliste des États-Unis. Avec la fin de la Guerre froide, les années 1990 ont marqué une mutation du rôle et des interventions de l’OTAN dans les relations internationales, notamment en Ex-Yougoslavie. Les missions de maintien de la paix l’ONU y ont alors rayonné par leur incapacité à prévenir les actes génocidaires du gouvernement serbe de Slobodan Milosevic contre les peuples musulmans, bosniaques et croates. Or, l’intervention militaire de l’OTAN au Kosovo en 1999, acclamée pour son efficacité par les puissances du Nord global, a dans les faits donné lieu à frappes imprécises ciblant des lieux civils de refuges et d’installations humanitaires, constituant dans les faits des crimes contre l’humanité tout aussi troublants que ceux reprochés aux troupes de Milosevic. La manière dont la communauté internationale a traité ces deux groupes perpétrateurs de crimes de guerre diffère toutefois monumentalement. En effet, le Tribunal international pénal pour l’Ex-Yougoslavie n’a retenu aucune accusation envers les forces occidentales, reconnaissant plutôt la compétence et l’autonomie de l’OTAN en tant qu’organisation internationale pour investiguer et sanctionner les auteurs des crimes. Cet événement historique qui a offert à l’OTAN l’occasion d’être à la fois l’accusé et son propre juge, a pavé le chemin pour une normalisation récurrente des crimes de guerre des forces militaires occidentales jusqu’à nous amener aujourd’hui à la situation de support inconditionnel aux frappes génocidaires d’Israël.
Le silence complice de l’OTAN
En octobre 2023, le secrétaire général de l'OTAN a clairement affiché son soutien à l’entité sioniste en déclarant, dans un communiqué, qu’ « Israël n'est pas seul ». En plus de garder systématiquement le silence sur le génocide en cours à Gaza, l'OTAN contrevient à ses propres normes en permettant l’assassinat d’employés de l’ONU à Gaza et les attaques contre les casques bleus des Forces intérimaires des Nations Unies au Liban (FINUL). Non seulement, elle appuie l'entité sioniste, mais des think tanks qui lui sont liés, comme NATO Watch, s'interrogent sur le rôle que l’OTAN pourrait jouer dans la «résolution du conflit». Un briefing publié en décembre 2023 explore l'idée d'une intervention militaire directe de l'OTAN pour «stabiliser la région» en s’appuyant sur le «succès» de ses missions de stabilisation en Ex-Yougslavie à la fin des années 1990. Pourtant ces interventions ont été largement dénoncées pour les attaques directes sur des lieux protégés par le cadre juridique humanitaire qui abritaient des populations civiles comme des églises, des hôpitaux ou des écoles. Cette proposition, initialement lancée par l’ex-premier ministre israélien Ehud Olmert, s’inscrit dans le contexte du «Grand Israël», un projet de colonisation par le Nord Global d’une large part du Moyen Orient par l’éliminitation du peuple Palestinien, la subjugation des peuples voisins, comme le Liban, et l’appropriation des ressources et des territoires. Les membres de l’OTAN, puissances néo-coloniales, poursuivent ainsi leur projet mortifère de conquête du monde par le feu et le sang.
Par le Collectif Désinvestir pour la Palestine
1 We must secure the existence of our people and a future for white children, l’expression simplifiée “secure the future” est perçue par plusieurs comme un langage codé (dog whistle) fasciste
2 Fonds d’investissement dans des entreprises en début de croissance non cotées en bourse pouvant rapporter un fort retour sur investissement, mais demeurant à haut risque. C’est via ces venture capital que la plupart des start-up financent leur développement