Réponse populaire à la vie chère!

Au cours des derniers mois le coût de la vie a explosé : que ce soit à l’épicerie, pour se trouver un logement ou pour payer son gaz. Pour les classes populaires l’inflation est plus qu’un phénomène économique abstrait, elle est une expérience concrète du capitalisme en crise. Les économistes larbins du pouvoir tentent de nous présenter ces hausses des prix des produits et des services de base comme un phénomène naturel qui touche l’ensemble de la population de manière égale. La réalité est pourtant bien différente! Alors que nos salaires ne suivent pas l’inflation, voir stagnent, et que les prix augmentent dans tous les secteurs, les profits des entreprises, eux, explosent.


Les exemples à ce propos ne manquent pas! La chaîne d’épicerie Loblaw annonçait en janvier une augmentation de 10% de ses profits. La pétrolière Suncor annonçait, elle, avoir doublé ses profits au cours de l’année 2022, ses bénéfices nets passant de 4,08 milliards à 9,08 milliards. Rappelons que cette augmentation des bénéfices de la pétrolière canadienne se fait dans un contexte de crise climatique. Les États capitalistes bâtissent le mirage d’une « transition écologique » tout en laissant les pétrolières continuer à multiplier leurs profits et en engageant de nouveaux projets extractivistes des énergies fossiles. Même la société d’État Hydro-Québec, annonçait récemment des profits records de 4,55 milliards en 2022 : une hausse d’environ 1 milliard en un an! La hausse des prix des denrées et services de base semble être une mine d’or pour les multi- nationales et leurs patrons qui sont à la manœuvre de l’économie capitaliste. Pour ajouter à l’odieux de la situation, les hauts dirigeants de ces entreprises ont tous profité de la situation pour augmenter leur propre salaire avec des bonus de performance liés aux marges de profits faites sur notre dos. À ce propos, le PDG de Loblaw Gallen J. Weston a démontré l’arrogance des classes dominantes et leur déconnexion du quotidien des classes populaires en augmentant son salaire de 3,4M$ à 5,4M$ en 2022, alors que les prix dans ses épiceries connaissaient eux aussi une hausse historique.

Isolé·e·s devant la flambée des prix, les petits actes illégaux (vol à l’étalage ou sauter le métro) constituent la première forme de résistance à notre portée contre la vie chère. Le vol à l’étalage dans les épice- ries est la plus emblématique de ces résistances individuelles. Les accusations à cet égard ont augmenté de 15% en 2022, chiffre ne prenant en compte que les personnes s’étant fait attraper par la sécurité. Face à ce phénomène, la demande d’agents porcins pour réprimer ces actes d’auto-réduction a augmenté de 50% durant la même année. Si les capitalistes sont « pris à la gorge » lorsqu’il s’agit de faire exploser les prix de la bouffe, il n’y a jamais de limite quand il s’agit d’engager des agents de répression! Les boss des entreprises de distribution alimentaire font maintenant des sorties dans les médias pour dénoncer le fléau du vol à l’étalage qui explose et met en danger les profits de leurs entreprises. Ils semblent pourtant oublier que le hold-up qui a cours en ce moment est celui de la bourgeoisie, qui, comme à son habitude, profite des crises pour spolier les travailleurs et travailleuses. Même si ces actes individuels permettent de répondre dans l’immédiat à l’explosion des prix, la lutte contre la vie chère, pour être victorieuse, se doit de donner une réponse collective à l’avarice des classes dominantes. Les stratégies collectives de lutte à la vie chère ont pris plusieurs formes au cours des dernières années. Certaines actions d’éclat ont repris la notion de « vol à l’étalage » en lui donnant un caractère collectif, des dizaines de personnes entrant dans un commerce pour prendre les marchandises et les redistribuer gratuitement.

Le commando-bouffe organisé par le comité des sans emploi en 1995 à Montréal est emblématique de cette stratégie d’auto-réduction. Des dizaines de personnes avaient alors fait irruption au chic restaurant de l’Hôtel Queen Elizabeth et étaient ressorties avec la nourriture pour la redistribuer dans la rue. Au-delà de ces actions d’éclat, la lutte contre la vie chère a aussi pris la forme d’insurrections de masse qui ont ébranlé le pouvoir des États dans plusieurs pays : Équateur, Sri-Lanka, Chili, etc. Nos conditions de vie ne sont pas celles des pays du Sud, toutefois des révoltes comme celles qui a touché le Chili en 2019-2020 peuvent nous inspirer. Une hausse du coût du ticket de métro a été l'étincelle d'un mouve- ment d’opposition qui s'est rapidement enflammé en mouvement insurrectionnel remettant radicalement en question l’État colonial et capitaliste chilien. Le défi qui auquel nous faisons face est celui de donner un caractère collectif à l’expérience de l’inflation en dévoilant le rôle central du capitalisme dans notre appauvrissement et la nécessité d’une lutte déterminée et radicale contre le capitalisme pour réellement mettre fin à la vie chère.

- Le collectif Ben trop cher!