Au cours des derniers mois, le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) et la Gendarmerie Royal du Canada (GRC) ont effectué plusieurs visites chez des militants et militantes à travers le Canada. Ces visites ont été effectuées dans le contexte des mobilisations contre les jeux olympiques à Vancouver et contre le Sommet du G8/G20 à Toronto. Certains groupes, ayant publiquement pris des positions contraires à l’agenda du gouvernement canadien, ont été particulièrement ciblés.
Dans la plupart des cas, les agents se présentent sans préavis chez les personnes en questions, disant qu’ils veulent leur parler à propos d’un groupe ou de leurs activités politiques.
Le Réseau de la Commission Populaire, un réseau montréalais surveillant et s'opposant à l’agenda de « sécurité nationale », s’emploie à dévoiler autant que possible les agissements du SCRS et à informer les militantes et militantes non seulement de leurs droits face au SCRS, mais aussi de l’importance d’une réponse de non-collaboration totale de la communauté militante.
Le SCRS est le principal organisme de renseignement au Canada. Son devoir, selon la loi, est de recueillir des informations et des renseignements afin de conseiller le gouvernement et protéger ainsi les intérêts canadiens.
L’implication du SCRS dans la répression des mouvements et organisations gauchistes ou radicales est bien documentée, et a commencé bien avant les événements de 2009-2010. Dès sa fondation en 1984, le SCRS s’est joint aux efforts du gouvernement canadien afin de marginaliser et affaiblir le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP). L’agence a intercepté les correspondances des militantes et militants syndicaux, commis des vols et installé un appareil d’écoute dans un bureau de poste pour surveiller les membres du syndicat. Par ailleurs, un agent du SCRS, Marc-André Boivin, a infiltré la CSN pendant 15 ans. Il a été impliqué dans une fausse menace de bombe pendant une grève des travailleurs et travailleuses d’un hôtel.
Le SCRS joue également un rôle important dans la marginalisation et le contrôle des individus et communautés migrantes au Canada, ciblant de façon régulières les personnes et les groupes travaillant en solidarité avec des mouvements politiques à l’étranger.
Dans le contexte des mobilisations contre le G8/G20, il est important de souligner les intérêts économiques qui influencent les activités et les priorités du SCRS. ‘Protéger les intérêts du Canada’, but officiel du SCRS, est une autre façon de dire ‘protéger les intérêts des corporations et élites économiques canadiennes’. De plus en plus, les questions de sécurité prennent la première place dans des contextes transnationaux comme la rencontre du G8/G20 ou l’institution de l’ALÉNA. Il est donc essentiel de comprendre que la promotion du plan économique de ces groupes inclura la promotion du programme de sécurité nationale et la répression des mouvements sociaux de chacun des pays membre, et c’est dans ce contexte que nous devons analyser les visites des agents du SCRS (GRC, etc.) auprès des militants et militantes.
De façon générale, les visites du SCRS ont plusieurs objectifs et ne visent pas seulement la collecte de renseignements; leur travail a également pour but de créer ou d'exploiter les divisions entre les diverses factions militantes, de semer la désinformation, d'intimider, de développer des profils psychologiques et de recruter des informateurs et informatrices.
Le boulot du SCRS, c'est de recueillir des renseignements pour l'État et de perturber les mouvements pour la justice sociale. Leur mandat inclut la surveillance de toute activité considérée comme étant une menace envers l'ordre politique et économique actuel. Leur intimidation cible les autochtones, les personnes immigrantes, les communautés racisées, les groupes radicaux, les syndicats, ainsi que les personnes travaillant en alliance avec ces groupes. Les actions du SCRS - qui incluent l'incompétence crasse, le racisme et la complicité dans des actes de torture - constituent autant de raisons pour décourager toute personne impliquée dans des mouvements pour la justice sociale de coopérer de quelque façon que ce soit avec eux.
Nous considérons toute visite surprise du SCRS comme étant du harcèlement.
C’est en partie pour ces raisons que le réseau de la Commission populaire insiste en la nécessité d’une totale non-coopération avec le SCRS et les autres services de sécurité par l'entièreté du mouvement pour la justice sociale (au sens large). Pour la Commission populaire, c’est la meilleure façon de maintenir l’unité et la solidarité, tout en nous concentrant sur l'important travail quotidien que nous effectuons.
Si le SCRS frappe à votre porte, nous suggérons d'adopter une attitude d'entière non-collaboration. Une visite du SCRS à votre domicile ou sur votre lieu de travail vous prendra par surprise, mais nous vous encourageons néanmoins à vous tenir prêts et prêtes à ne pas collaborer avec eux d’aucune façon.
Si vous êtes dans une situation précaire - à cause de votre statut d'immigration, d'accusations criminelles, de conditions de probation ou de libération conditionnelle, ou pour toute autre raison - nous vous suggérons de ne parler en aucun cas seul-à-seul avec des agents du SCRS. Il est possible de leur demander de contacter un avocat ou une avocate de votre choix, et de mettre fin à la conversation en refusant de leur dire quoi que ce soit de plus. Le réseau de la Commission populaire peut vous fournir une liste d’avocats et d’avocates pouvant agir de manière rapide et efficace contre les tactiques d'intimidation du SCRS.
Malgré les gestes sales qu'il pose au quotidien, le SCRS ne détient aucun pouvoir policier et ses agents ne peuvent donc pas vous arrêter.
En cas de visite du SCRS, nous vous invitons à contacter le réseau de la Commission populaire.
Finalement, nous vous invitons à participer à un colloque organisé par le réseau de la Commission populaire qui aura lieu les 5 et 6 février 2011. Le but du colloque est d’examiner en profondeur le programme de ‘sécurité nationale’ au Canada, et de dévoiler et critiquer les intérêts économiques et politiques servis par ces mêmes mesures de sécurité nationale. Nous espérons pouvoir dépasser le discours des droits et libertés qui dominent actuellement le débat public à ce sujet et explorer les dimensions politiques et sociales du plan de ‘sécurité nationale’.
-- Le Réseau de la Commission Populaire