Quand on participe à la lutte anticapitaliste durant plusieurs années, on finit par se faire arrêter par la police à un moment ou à un autre, c'est un signe que ce qu'on fait dérange. Si vous militez depuis longtemps et que vous ne vous êtes jamais fait arrêter, soit : 1- félicitations, vous avez une excellente culture de sécurité, ou 2- changez de stratégie, le gouvernement n'a pas peur de vous pantoute!
Évidemment, quand il y a des arrestations de masse cela fait mal au mouvement mais, heureusement, et contrairement aux capitalistes, une de nos valeurs préférée est la solidarité, alors personne n'est jamais laissé derrière. En effet, il est important pour nous d'appuyer, de sortir de prison, d'aider pour la défense juridique, de soutenir financièrement, etc., toutes les personnes arrêtées dans le cadre de la lutte. Il y a le côté public du soutien et le côté personnel aussi.
Comme nous considérons les arrestations de militantEs comme politiques, indépendamment de ce que la personne arrêtée est accusée d'avoir fait, et qu'elle l'ait fait ou pas, nous trouvons important de dénoncer publiquement les arrestations comme étant effectuées dans le cadre d'une répression politique contre la dissidence. Bien sûr, quand on se fait arrêter, l'État doit nous donner une accusation précise ; « attroupement illégal », « méfait », « assaut contre un policier », « troubler la paix », etc. Évidemment, les conséquences de ces accusations peuvent être très différentes mais, en réalité, ces charges servent toutes le même objectif : elles sont une excuse de la police et de l'État pour freiner la lutte politique et communautaire, parce que cette lutte est efficace et parce que lorsque nous nous faisons arrêter, c'est plus facile pour eux de nous faire passer pour des voyous et nous délégitimer. Heureusement, nous savons que notre lutte est légitime et c'est pourquoi nous dénoncerons toujours les arrestations politiques dans les médias, nous ferons des manifestations de soutien avec les arrêtéEs et nous ne nous laisserons pas séparer entre « bonNEs » et « mauvaiSEs » manifestantEs. Il est aussi important de ne pas mettre trop d'énergie dans les mécanismes créés par l'État pour défendre nos droits, car ceux-ci ne sont là que pour donner une illusion que notre société est juste et équitable et que nous sommes protégéEs contre les abus policiers et avons le droit à la dissidence politique.
La part la plus exigeante du travail de solidarité avec les arrêtéEs, qui prend beaucoup de temps, d'énergie et d'argent au mouvement, mais qui est très importante au niveau humain, est le soutien individuel aux arrêtéEs. Évidemment, nous nous organisons en groupe pour la défense juridique, mais il est important que chaque personne reçoive personnellement l'appui dont elle a besoin. Cela implique évidemment la défense juridique et les frais encourus, mais aussi le soutien psychologique et moral ; le fait de savoir que des gens sont là pour nous soutenir, surtout lorsque nous sommes détenuEs et isoléEs.
Souvent, les procédures juridiques après une arrestation sont interminables et le mouvement de solidarité s'épuise, car il a ses limites et les autres luttes continuent. Mais, nous devrions toujours considérer le soutien aux arrêtéEs comme faisant partie de la lutte, parce que de nous organiser en une communauté solidaire, avec des liens forts entre les personnes, fait aussi partie des idéaux que nous cherchons à atteindre, c'est pourquoi nous ne devons pas oublier de continuer la solidarité avec les personnes arrêtées, quoi qu’il arrive.
Évidemment, le travail de soutien aux personnes ayant été victimes des arrestations massives qui ont eu lieu durant le G20, une répression politique sans précédent pour notre mouvement (au Canada), nécessite des énergies énormes. Les militantEs qui n'ont pas été arrêtéEs durant cette fin de semaine là et sont restéEs à Toronto pour s'assurer que soient libéréEs le plus de gens possible et pour payer les cautions ont fait un travail extraordinaire. Nous devons continuer ce travail d'une façon encore plus assidue que pour les autres arrestations massives auxquelles a fait face le mouvement car, cette fois, beaucoup de personnes n'ont pas été libéréEs tout de suite. D’ailleurs, quelques personnes sont toujours détenues et les arrestations continuent encore après plusieurs mois. De plus, nous n'avons jamais eu d'aussi importants montants d'argent à fournir pour faire sortir des gens de prison, et les conditions de libération que subissent certainEs arrêtéEs sont inhumaines et inouïes pour les accusations auxquelles ils et elles font face.
En effet, une vingtaine de personnes, que la police considère comme des leaders et qui ont été arrêtées préventivement le samedi matin avant la manifestation, ainsi que des personnes qui ont été arrêtées jusqu'à plusieurs mois après le G20 avec des accusations de méfaits, ont dû payer plusieurs milliers de dollars pour être libérées de prison. Des garantEs ont dû s'engager pour des montants de plusieurs dizaines de milliers de dollars en cas de non respect des conditions de libération de la part des accuséEs. De plus, ces accuséEs sont assignéEs à résidence, chez leur garantE, et certainEs ne peuvent même pas sortir pour aller travailler. Ils et elles font aussi face à des conditions de non association, de ne pas participer à des manifestations publiques, de ne pas utiliser de téléphone cellulaire, etc. Bref, leurs droits les plus fondamentaux sont complètement brimés. Ainsi, nous devons donner un important soutien à ces accuséEs, dont la vie est complètement bouleversée par ces conditions et qui risquent des peines de prisons si ils et elles sont déclaréEs coupables.
Les policiers de Toronto cherchent encore des gens à arrêter pour le G20 et ainsi légitimer les abus contre les droits fondamentaux qui ont été perpétrés, ainsi que le milliard de dollars dépensé durant la fin de semaine du G20 à Toronto. Cependant, nous ne devons pas oublier que ce que l'État cherche à faire en élevant significativement le niveau de répression politique contre le mouvement anticapitaliste est de nous affaiblir, de nous briser et de décourager les gens à se joindre à nous. Nous devons donc utiliser cette épreuve pour solidifier le mouvement, pour endurcir nos liens de solidarité et être encore plus fortEs. L'important, c'est de ne pas nous laisser abattre et de continuer la lutte ; le fait de rester debout face à la répression est une victoire en soit pour le mouvement !