Par le Regroupement Anti-G20 Étudiant (RAGE)
Le véritable catalyseur de cette contestation tire son origine, et s’y réaffirme par le fait même constamment, des manifestations et autres actions entourant les grands sommets – OMC, G8, G20, OTAN, etc. En fait, c’est lors du somment de l’OMC à Seattle en 1999 que naît le mouvement altermondialiste, bien qu’il y ait eu quelques signes avant-coureurs, dont l’impact mondial du soulèvement zapatiste et les grèves antimondialisation en décembre 1995 en France. Cette pratique de l’agir politique est devenue tradition en se poursuivant du sommet de Gênes, en 2001 jusqu’à Strasbourg en 2008, Londres en 2009, et bientôt Toronto.
Le discours altermondialiste s’est bâti sur une critique de l’économie néo-classique, laquelle considère que la richesse globale et l’intérêt général – c’est-à-dire l’intérêt des consommateurs et des producteurs – seraient maximisés dans le cas où le marché serait libre de toute ingérence morale ou politique. Dans une perspective néolibérale, il faudrait que la logique économique s’applique à toutes les sphères de la vie. Or, la poursuite de cette idéologie a pour conséquences directes une rationalisation et une flexibilisation de la main d’œuvre. Depuis la fin de la guerre froide, un marché mondial s’est constitué, entraînant des difficultés pour les mouvements sociaux de gauche et d’extrême gauche au niveau de la légitimation, de la mobilisation et de l’articulation d’une critique crédible et forte du capitalisme. En cela, l’altermondialisme se démarque d’eux. Malgré la pluralité des discours et des pratiques qu’il englobe, il a réussi à obtenir un certain internationalisme, une certaine repolitisation des conflits et à mobiliser plusieurs milliers de personnes lors des contre-sommets
De la pratique des contre-sommets
Le matin du 30 novembre 1999, la « bataille » de Seattle s’enclenche. En même temps naît une pratique qui dure depuis, celle des contre-sommets. Or, les événements de Seattle sont depuis longtemps devenus des symboles de la lutte altermondialiste, des symboles qui perdent leur efficacité, qui s’effritent…
Depuis Seattle, l’univers médiatique a associé la tactique des Black Blocs au contre-sommet et à l’altermondialiste. Elle consiste à se regrouper en bloc en fonction d’un esthétisme vestimentaire, le noir, exprimant leur radicalisme. N’empêche, ils demeurent minoritaires dans la multitude des activistes et des manifestants qui décident plus ou moins spontanément d’avoir recours à la violence lors de manifestations. En fait, le Black Bloc se déploie tel « un vaste drapeau noir tissé de corps flottant au cœur de la manifestation.» En fait, un Black Bloc n’a pas de taille fixe et n’est nullement une organisation permanente. Composé de militantEs et de groupes affinitaires, il se créée spontanément, d’où l’utilisation du terme tactique.
En 2001, les contre-sommets sont nombreux et portés par un nouvel espoir de changement réel. En avril, à Québec,
pendant le sommet des Amériques, il y a eu le premier périmètre de sécurité, interdit aux manifestants. Il y a eu également le sommet de l’Union européenne en juin à Göteborg en Suède et les premières balles réelles tirées sur les manifestants. Puis en juillet, il y a eu Gênes, un mort, de nombreux blessés. Chaque contre-sommet vient avec une diversité des tactiques et les sempiternels débats entre le recours à la violence et l’usage de la non-violence, entre lesdits casseurs et ceux qui pratiquent la désobéissance civile non violente. Mais déjà, le Black Bloc est une tactique contestée – à tout le moins tant qu’elle ne s’inscrira pas à l’intérieur d’un mouvement social fort. En effet, malgré toute sa portée symbolique et sa présence dans l’imaginaire de nombreux anticapitalistes, la sécurité et les tactiques policières sont devenues tellement raffi nées qu’il devient nécessaire de se questionner sur son efficacité réelle, sans toutefois récuser l’usage d’une certaine violence à l’égard des forces policières ni de s’opposer à la destruction des biens matériels.
accumulaient les raisons de se révolter
de la même façon que le manager
accumule les moyens de dominer.
De la même façon, c’est-à-dire avec
la même jouissance. »
Appel
Altermondilisme ou altermondialisation
Le mouvement altermondialiste pourrait difficilement être qualifié de révolutionnaire. En fait, sa critique de la mondialisation capitaliste se scinde principalement en deux grandes branches — les réformistes et les radicaux. Seuls les radicaux remettent directement en question les fondements mêmes du capitalisme ainsi que le système étatique actuel. En fait, l’altermondialisme est avant tout social-démocrate, compte tenu de la teneur des discours qui sont mis de l’avant. Les antimondialistes, quant à eux, se disent anticapitalistes – de diverses tendances – et considèrent ce dernier antidémocratique et injuste dans son fondement même. Par conséquent, son abolition serait légitime, souhaitable et même nécessaire.
Le Regroupement Anti G20 Étudiant auquel nous appartenons, de par ses principes communs, se positionne d’emblée dans la branche antimondialisation. En effet, en tant que regroupement anticapitaliste, nous appelons à une mobilisation massive lors du prochain G20, et pas seulement pour manifester calmement dans les rues de Toronto ni pour réclamer d’être entendus comme une voix égale et légitime à la leur. Nous nous opposons clairement au mode de distribution des ressources et des richesses, à la mondialisation, et à la légitimité de ces dirigeants de prendre des décisions à notre place. Nous ne réclamons pas une voix au chapitre, nous ne revendiquons pas de négligeables réformes, nous nous posons en force d’opposition et de résistance massive.