Avec les révélations d'Edward Snowden des dernières années, il est essentiel de penser à la sécurité et à la surveillance dans les milieux d'extrême-gauche. Doit-on s'inquiéter de la surveillance ? Après tout, notre service de police local n'a pas réussi à faire tenir une seule contravention reliée aux réglements P6 ou 500.1 dans les trois dernières années. Est-ce que l'on n'a été que chanceux-euses ?
Depuis la mise en place d'une réforme sur la surveillance aux États-Unis en 2007, le gouvernement américain a pu mettre en place le programme PRISM, qui lui permet d'accéder essentiellement à toutes les informations communiquées et détenues par les compagnies américaines, que ce soit Microsoft, Google, Apple, Yahoo ou Facebook, et ce, sans mandat. Comme ce sont des compagnies publicitaires, elles produisent des données caractérisant les comportements des utilisateur-trice-s de l'internet afin de les revendre à des agences de marketing : par exemple, les informations que l'on recherche dans google sont enregistrées par celui-ci, de même que les vidéos que l'on consulte sur youtube, ainsi que les applications que l'on installe sur un appareil Android. Facebook possède un peu moins de services, mais épie le web en entier à l'aide de ses boutons like et du partage effectué par ses utilisateur-trice-s.
Le gouvernement bénéficie à son tour de cet espionnage de masse : il sauve des frais faramineux d'espionnage. Il a en effet mis en place un système de recherche développé pour être capable de faire les suivis entre les différentes sources de données afin de suivre les personnes ayant des comptes Facebook, GMail ou autre sur la surface du globe. Il a été publiquement admis par les autorités que la Suède et l'Allemagne on eu accès à ce moteur de recherche. Ces programmes sont légaux puisqu'ils visent à « protéger les AméricainEs de la menace terroriste ».
Toutefois, comme les programmes canadiens de sécurité, les termes « extrémisme » et « radical » servent essentiellement à cibler les groupes d'opposition1, anarchistes ou autres. Toutefois, il faut se rappeler que même lors de telles opérations à grand déploiement, il est très difficile de passer de la surveillance à la répression, même lorsque cette surveillance inclus l'infiltration de groupes. À la suite de la révolution russe, Victor Serge2 constate, en décortiquant les archives des services de renseignements du Tsar, que bien que la surveillance était partout, elle sentait le soulèvement, mais était absolument incapable d'empêcher quoi que ce soit de se produire. Pendant la grève de 2012, quand des injonctions sont tombées sur des Cégeps et universités, l'incapacité d'action des forces policières rendait effectivement inopérant le système de justice. Lorsque le gouvernement a essayé de mettre en place une loi encore plus répressive, elle a tôt fait d'attiser la résistance populaire, rendant partiellement caduc le pouvoir des autorités. Et lors des vagues de contraventions P-6 qui ont suivi, la pression sur le système de justice par les gens qui contestaient en masse leurs tickets a été suffisante pour venir à bout des comparutions.
La surveillance et la répression deviennent donc un rapport de force. Essentiellement, si l'on cesse de faire des choses parce que l'on croit que c'est impossible de les faire sans se faire prendre ou sans se faire prendre en souricière, on fait le travail de la police pour elle. Aussi, si l'on ne fait pas preuve de discrétion lorsque l'on prépare une action, on peut facilement en subir des conséquences drastiques. Il est donc important de bien connaître les conséquences réelles de nos actions. Pour ce faire, il semble nécessaire d'avoir dans nos communautés une forte diversité. Cette Surveillance et répression Avec les révélations d'Edward Snowden des dernières années, il est essentiel de penser à la sécurité et à la surveillance dans les milieux d'extrême-gauche. Doit-on s'inquiéter de la surveillance ? Après tout, notre service de police local n'a pas réussi à faire tenir une seule contravention reliée aux réglements P6 ou 500.1 dans les trois dernières années. Est-ce que l'on n'a été que chanceux-euses ? diversité peut provenir autant de ceux et celles qui tentent toujours de tester les limites de la légalité et qui nous permettent de savoir exactement les conséquences juridiques de nos actes, que ceux et celles qui restent invisibles. Il va de soi que ceux et celles qui prennent les risques doivent faire attention de n'attirer la répression que sur des personnes qui y consentent. Avec des gens qui testent les limites, il est bien plus facile de savoir exactement ce qui est toléré et de pousser collectivement les limites de nos actions.
Ainsi, la surveillance ne doit pas nous ralentir en deçà de ce qui est effectivement réprimé et, pour comprendre la répression, il faut essayer des choses. De plus, subir la répression n'est pas nécessairement si problématique, puisqu'il a été impossible pour les autorités de faire payer 3000 contraventions pour un règlement considéré illégitime. Cette attaque contre le système de répression est un bon début. Cependant, l'entièreté du système capitaliste reste illégitime, le combat doit donc continuer et l'éducation doit se poursuivre, jusqu’à ce que cela soit évident pour toutes et tous que tous les patrons, les frontières, les policiers, les gouvernements et les propriétaires ne méritent que notre mépris !
Notes
- Infil00p, suite à la résistance aux olympiques, a fait plusieurs requêtes d'information sur les opérations de surveillance, pour recevoir 300 pages, qui se concentrent presque uniquement sur les mouvements de résistance : (https://vancouver.mediacoop.ca/blog/infil00p/9519) et anarchistes : (https://vancouver.mediacoop.ca/blog/infil00p/5650).
- https://bit.ly/1Uefr61