Le verger au complet, épisode 5: Répression de la dissidence
La police opère avec de nombreux biais, et la répression politique représente l'un d'entre eux. Il se manifeste par la manière disproportionnée dont la police s’attaque aux mouvement sociaux progressistes par le niveau de violence utilisé, l'effectif déployé, la surveillance, ou l'ampleur des charges, par exemple. Cette situation est rendue bien visible au Québec par le livre tiré de la commission populaire sur la répression politique, paru en 2016, et qui avait pour titre "Étouffer la dissidence". Nous interrogeons dans cet épisode une personne qui a participé à son écriture.
Musique
- Mille Piastres Please, "Bégonia", tirée de l'album "Bégonia", https://millepiastresplease.bandcamp.com/
- Marilyn Rambo - "Algis vasculaires du cul", tirée de l'album "Qu'est ce que tu fais pour les balances?", https://marylin-rambo.bandcamp.com/
- Utilisées avec la permission des groupes.
Références
Commission populaire sur la répression politique, "Étouffer la dissidence, Vingt-cinq ans de répression politique au Québec", Lux Éditeur, Montral, 2006.
Introduction
La police opère avec de nombreux biais, et la répression politique représente l'un d'entre eux. Il se manifeste par la manière disproportionnée dont la police s’attaque aux mouvement sociaux progressistes par le niveau de violence utilisé, l'effectif déployé, la surveillance, ou l'ampleur des charges, par exemple. Cette situation est rendue bien visible au Québec par le livre tiré de la commission populaire sur la répression politique, paru en 2016, et qui avait pour titre "Étouffer la dissidence". Nous interrogeons dans cet épisode une personne qui a participé à son écriture. Ce qui est intéressant, c'est que les autrices et auteurs de cet ouvrage visaient à faire contrepoids à la commission Ménard sur les événements de la grève de 2012. À la base de cet effort est l'idée qu'il est très difficile de créer un contexte dans lequel les individus peuvent se sentir légitime de parler des violences, de l'intimidation et des situations difficiles vécues, puisque la société répond généralement à l'agitation politique par: "oui, mais tu l'as cherché". Bref, la commission Ménard, comme toute les autres, cache en fait les conséquences réelles vécues par les personnes sur le terrain, sans même compter le fait que c'est souvent la police qui enquête sur la police. C'est ce masque qui sera levé dans cet épisode!
Q: J'ai une question assez large pour entâmer la discussion. J'aimerais savoir: comment ont changées les stratégies policières dans les 20 dernières années à Tiohtia:ke/Montréal, ou au soi-disant « Québec » en général, par rapport à l'utilisation de la criminalisation comme outil de répression des mouvements sociaux? Par exemple, pourquoi on ne voit plus de nos jours des charges comme incitation à l'émeute, l'article 64 du code criminel, être utilisées?
R: Y’a différents changements qu’on peut observer à travers les dernières années dans les stratégies à la fois policière que judiciaires, je dirais que si on part de l’exemple de la loi 64 j’pense qu’on peut identifier des périodes où y’a des règlements particuliers qui étaient utilisés par les corps policiers pour soit contrôler, empêcher ou limiter l’action politique dans l’espace public, ce qui fait en sorte que la loi, euh l’article 64 est pu utilisé en tant que tel c’est qu’il a été contesté après plusieurs utilisation pour faire des arrestations de masse et que les personnes qui l’ont contesté ont gagné. Donc ca fait des précédents qui indiquent à la police que l’usage discrétionnaire qui faisaient de ce règlement là est invalide, ca se peut qu’il y ait des gens qui continuent à la faire, mais en général y changent disons de répertoire légal pour limiter l’action politique comme les manifestation dans l’espace public. Donc après ce qu’on a vu apparaître… Ca c’était dans le code criminel ensuite ce qu’on a eu c’est des règlements plus au niveau municipal et avec l’utilisation du code de la route avec le règlement 500.1 et 500.2 et pour les règlements municipaux c’était plus autour de P-6 mais par ailleurs dans différentes villes du Québec c’était un article différent mais qui disait essentiellement la même chose qui était utilisé en même temps pour faire la même aux différentes manifestations progressistes de gauche qu’on identifie à des stéréotypes de radicalité quand on est dans la police, et pis ca, ca été utilisé amplement entre autres de 2012 à 2015 y’a eu des milliers d’arrestations des personnes judiciarisées et beaucoup de procès et ben comme le 64, P-6, 500.1, 500.2, ont pas été invalidés par la cours, mais l’usage pour limiter l’action politique pour faire de la répression, du profilage a été invalidé.
Une des choses qui va vraiment faire varier c’est la mobilisation juridique là, donc, on le sait il y a différents règlements qui ont été utilisés que ce soit code routier, code criminel, 500.1, P-6 qui ont été largement utilisés dans les dernièresannées pour les rassemblements publics, une des choses qui fait en sorte qu’on les applique plus c’est qu’ils sont tombés grâce à la mobilisation, donc c’est sur que l’usage de codes légaux pour justifier une répression politique, une répression policière, d’action collective et de mouvement sociaux, elle sert finalement a pouvoir la continuer.
Donc moi ce que je vois dans les dernières années c’est l’usage de différents règlements de codes municipaux plus pour faire une répression individuelle que collective. Donc non seulement on change de réglementation à cause de ce qui a été démontré en cours, mais on change aussi, de ce que je peux constater d’échelle en passant de beaucoup d’arrestation de masse à des arrestations plus individualisées lors d’action collective dans l’espace public et entre autres dans les différents règlements qu’il y a eu dans les dernières années y’a eu l’usage de tout les règlements pour aller des personnes qui utilisaient des fumigènes, donc des règlements autour des objets pyrotechniques, le règlement des saltimbanques, du code municipal de Montréal, tout ca ca été utilisé envers de personnes qui avaient des fumigènes lors de manifestations, ca ce que ca fait ca enlève, donc c’est des règlements qui sont utilisés envers une personne qui est judiciarisée, qui a une amende de plusieurs centaines de dollars. Mais aussi, ca a quand même un effet décourageant collectif parce qu’on voit une personne être judiciarisée, être criminalisée, se faire arrêter, donc même si tout le monde n'est pas dans une souricière, ca reste un événement de répression collective parce que une personne parmi nous se fait quand même arrêter, judiciariser, etc. Donc les stratégies d’usages d'éléments judiciaires que ce soit des règlements criminel, municipal, code de la route, ca reste une même logique d’utilisation de code pour aller soit empêcher, limiter, contrôler l’action politique mais ce qui va aller changer c’est le règlement utilisé, pis ce que je vois c’est que y’a peut être un changement dans l’échelle de répression qui est appliquée où entre autres dans les dernières années il y a eu énormément de dénonciation des arrestations de masses, y’a même l’ONU qui s’est positionné la-dessus par rapport à ce qu’il-le-s voyaient au Québec, la ligue des droits et liberté aussi à amplement dénoncé, évidemment la commission populaire sur la répression politique aussi donc forcément ca tend à faciliter une arrestation plus individuelle.
Q: Alors que l’on nous dit fréquemment que les lois sont appliquées également à toutes et tous, il y a des milliers de lois parmi lesquelles la police peut piger pour choisir arbitrairement le chef d’accusation qui sera utilisé contre les manifestantes et manifestants. En fonction du contexte juridique, ce sera atttroupement illégal, p-6, 500.1... La police fait preuve de créativité quand vient le temps de trouver des accusations bidons pour judiciariser les mouvements populaires. Comment peut-on voir les liens entres les stratégies judiciaires et les stratégies répressives de la police?
R: Je sais pas si on peut dire qu’il y a une stratégie concertée, ce à quoi ca me fait penser comme question c’est à quel point c’est difficile de faire en sorte que les procureurs de la couronne, etc, se penche sur des dossiers où des individus ou des groupes disent que y’a du profilage politique ou que y’a un emploi de réglementation qui est fait de manière abusive ou inapproprié de la part de policiers ou policières à l’endroit de militants et militantes. Donc y’a plein de dossiers qui pourraient être davantage pris en main, beaucoup plus étudiés de manière euh, beaucoup plus rigoureuse disons et qui ne le sont pas, alors que dans plein d’autres sphères de la société y’a des dossiers beaucoup plus anodins qui ne comprennent pas des gens arrêtés, blessés, euh, traumatisés, qui sont beaucoup plus facilement étudiés et remis en question. Je pense aussi qu’on pourrait le voir peut-être par à quel point c’est difficile d’avoir de l’information quand on fait des demandes d’accès à l’information, pour savoir ce qui s’est passé lors de nos actions collectives ou des éléments pour défendre nos causes, pour défendre les personnes qui font parti de nos mouvement, ca a été dénoncé tellement de fois la difficulté d’accès à l’information juridique, que c’est difficile de pas penser que y’a pas un intérêt politique derrière. Je crois également que la façon dont le droit est fait actuellement ne sert pas toujours la justice, entre autres à cause de la difficulté d’accès à des avocat-e-s, à des services juridiques, à cause des délais, à cause de la complexité de la tâche également. Je parlais récemment à quelqu’un de la clinique juridique de Montréal-Nord, qui ont un programme spécialisé en profilage racial et eux et elles développent des outils justement pour aller briser cette difficulté là notamment d’accès aux plaintes en déontologies. Donc c’est un processus qui est difficile, qui est complexe qui est peu utilisé, qui est même souvent déconseillé quand on essaye d’en faire usage, pis un de leurs objectifs c’est de normaliser la plainte en déontologie étant donné que c’est par les plaintes en déontologie par leur nombres, par celles qui sont gagnées, que les services de police vont reconnaître ou non certaines dynamiques.
Q: Quelle forme peut prendre l'intimidation des organisateur-trice-s avant les événements importants?
R: Ça c’était vraiment intéressant de le documenter dans le cadre de la commission populaire sur la répression politique y’a des personnes de plein de villes au Québec qui ont organisé plein de sortes d’événements qui sont pas nécessairement euh… très radicaux en tant que tel, la radicalité peut se définir de plein de manières différentes mais on parle de perturbation à une simple manifestation de quartier en après-midi où des gens avaient des menaces assez soutenues de différents corps policiers au Québec. Donc des policiers et policières qui se rendaient au domiciles de personnes qui organisaient des actions euh… pour leur demander des informations pour les dissuader de faire ces actions là, euh… qui recevaient des appels, ca aussi c’est des personnes des individus que des membres de collectifs que des personnes salariées dans des groupes communautaires, Y’a différents organisateur-trice-s qui nous ont dit avoir reçu des courriels, des visites à domicile des appels téléphoniques pour leur faire savoir qu’ils étaient écoutés, qu’il-le-s étaient suivi-e-s, pour les menacer, pour les décourager, donc y’a certaines formes de harcèlement qui sont plus individualisées envers des personnes précises, très actives dans le milieu militant pas juste de Montréal, de différentes villes, donc ca prend vraiment plusieurs formes. Ça tournait beaucoup autour de techniques de dissuasion de personnes de passer à l’action de la part de polices envers des personnes qui organise ou qui voulaient organiser des actions collectives des insultes aussi. Certaines menaces par rapport à la violence qui pourrait y avoir de la par de policier-ères ou de faire des arrestations, des choses comme ça.
Dans les autres formes d’effets que peuvent vivre les personnes qui organisent des événements à caractère politique y peut y avoir une surjudiciarisation, la peur de se ré-engager, de se remobiliser, un découragement une peur aussi beaucoup de peur, mais aussi à l’inverse parfois la répression va radicaliser les personnes qui la vive parce qu’elles prennent conscience de certains aspects systémiques par exemple de la violence policière et ca va permettre un engagement supplémentaire dans la vie politique.
Q: Est-ce que tu crois que la répression policière se produit de manière similaire dans les manifestations de gauche et de droite?
R: Elle se produit de manière vraiment différenciée, je pense qu’au Québec on en a eu des très bons exemples récemment entre autres avec la manifestation de 25 000 personnes au stade olympique le 1 mai 2021, où les personnes avaient des propos problématiques, y’avait des personnes néo-nazies là-dedans avec des casiers judiciaires, des personnes recherchées et elles pouvaient marcher absolument tranquillement, y’avait différents actes de violence de ce que j’ai compris qui ont pas été nécessairement réprimés, ou visés par des corps policiers, tandis que les manifs disons de gauche ou progressiste ou que eux identifient comme radicales le sont beaucoup plus, pas juste pendant la manif mais avant la manifestation et après la manifestation pour la gauche y’a un espèce de continuum qui sert à décourager, faire peur, criminaliser, blesser que l’on trouve vraiment pas euh… dans les mouvements conservateurs ou de droite, pis on l’a vu aussi dans différents exemple à Québec il y a quelques années quand il y avaient des manifestations de la meute qui est un groupe raciste et de droite où ben pendant que des personnes de gauche essayaient de bloquer cette manifestation là les policiers et policières défendaient les personnes de droite arrêtaient les personnes de gauche, donc, c’est assez clair que y’a un biais là-dedans la chose qu’on peut dire aussi c’est que y’a plusieurs groupes au québec de personnes racistes qui comportent des personnes dans l’armée, des personnes qui ont été dans l’armée, des personnes des corps policiers donc y’a certaines affinités qui recoupent à certains égards dans des trajectoires qu’on retrouve pas nécessairement avec la gauche, fake le traitement est vraiment différencié donc c’est pas parce qu’on est un groupe qui prend la rue qu’on est réprimé-e-s, c’est parce qu’on cible l’idée, l’activité politique pis qu’on essaie de la taire.
Q: Comment les règlements sont appliqués différements face à différents contextes?
R: Y’a des émeutes post match de hockey où y’avait des douzaines de chars qui brulaient, y’avaient pas d’arrestation, y’avaient pas de lacrymos, y’avait pas de personnes passées à tabac, alors que dans la plupart des événements de gauche, y’a pas de chars qui brulent, et y’a ces arrestations là, y’a des personnes qui sont passées à tabac, donc à ce moment là encore une fois c’est pas le fait d’être dans la rue, ou c’est pas les gestes que l’on pose qui sont addressés par la police c’est le message qu’on amène dans la société qui est réprimé. Donc on peut le voir avec les émeutes de la coupe Stanley, pour reprendre mon exemple des fumigènes, ca fait plusieurs personnes dans les dernières années qui reçoivent des constats d’infraction pis qui se font mettre en état d’arrestation pour avoir craqué des fumigènes dans des manifestations de gauche, mais les groupes qui craque des fumigènes dans des manifestation pour aller au stade Saputo pour aller voir des matchs de soccer n’ont pas les mêmes constats d’infraction, donc, alors que c’est les mêmes fumigènes, c’est le même type d’action, c’est la même activité, c’est juste pas le même message.
Q: Quels sont les effets de la répression sur les organisateur·trice·s politique?
R: Y’a plein d’effets différents, les deux y’en a un de démobilisation, pis y’en a un de « radicalisation ». Dans le volet démobilisation, vivre de l’intimidation, vivre de la violence, voir des personnes qu’on aiment se faire blesser, être judiciarisé en tant que tel, ca peut avoir des gros effets de démobilisation, ca peut avoir un chilling effect, donc une difficulté à passer à l’action donc c’est pas qu’on a pu les mêmes idées, c’est pas qu’on a pu envie non plus d’être là, c’est que y’a une peur qui rallenti ou qui inhibe le passage à l’action pis qui le rend beaucoup difficile, donc tout ce volet là y’est vraiment important y’est très bien documenté par la CPRP, et c’est pour des personnes qui organisent des actions que pour des personnes qui participent à des actions collectives souvent que juste une fois. Y’a… C’est une histoire qui m’a beaucoup marquée, une représentante d’un organisme communautaire qui était venu nous parler de la répression que elle et ses usager et usagères avaient vécu dans une manifestation en 2012, où, y’a une des personnes qu’elle accompagnait qui dans sa démarche d’empowerment, dans sa démarche d’estime de soi avait commencé à faire de la photographie, et y’avait amené sont appareil photo qui lui avait couté cher alors qu’il avait pas beaucoup d’argent à cette manifestation là et alors qu’il faisait juste prendre des photos d’un moment de manifestation plutôt banale, y’a eu un moment où y’a commencé à y avoir de la répression, lui était pas habitué ne savait pas quoi faire et a resté un peut figer, y s’est fait battre par la police, son appareil a été cassé, ca a vraiment euh… freiné son élan de travail sur soi, son élan politique, son élan d’implication dans son organisme communautaire, donc c’est une personne qui a participé à juste un événement pis qui était pas nécessairement au fait des idées de gauche depuis longtemps, mais ca a été assez pour casser cet élan là.
Et l’autre volet de radicalisation c’est que quand on constate qu’on se fait cibler de manière individuelle, qu’on se fait judiciariser, réprimer, euh, ca amène à avoir des tactiques où y’a beaucoup plus de systèmes de protection fake on peut penser entre autres au black-bloc, ça a pas toujours existé au Québec, mais c’est une stratégie qu’on utilise individuellement et collectivement pour moins identifiable pour être plus en sécurité pis c’est des choses qui se sont développées en réaction à la violence que les personnes recevaient en faisant de l’action politique.
Ben c’est vrai que y’a un profilage ensuite qui se fait en fonction de l’apparence que l’on associe à la radicalité de gauche, à l’anarchisme, etc, qui fait en sorte que dans les milieux militants on a développé la stratégie de black bloc pour se protéger mais l’apparence des personnes dans les blacks blocs a été utilisée ensuite pour faire du profilage. Donc y’a une espèce de roue où nos mécanismes de protection finissent par être utilisés contre nous par la police et aussi par les médias. Donc dans l’image du public être une personne habillée tout en noir, tout les débats qu’on a eu sur le masque avant 2020-2021 évidemment, euh… ca fait en sorte que nos mécanismes de protection étaient utilisés contre nous ce qui faisait en sorte qu’on étaient encore plus vulnérables ensuite pi c’est vrai que ca peut être démobilisant parce qu’on se dit quand je me protège pour faire des choses qui correspondent à mes valeurs je ne suis pas en sécurité, je suis dans une situation de vulnérabilisation et quand je ne mets pas en place ces mécanismes de protection là je suis aussi dans une situation de danger donc à ce moment là l’espace pour faire des action qui représentent mes valeurs est vraiment restreint pour beaucoup de monde.
Q: Comment l'équipement technologique de la police permet un plus grand arbitraire, c'est à dire de maintenir un biais politique dans leur application de la force?
R: C’est quelque chose qui est difficile à démontrer moi ce a quoi ca me fait penser ta question c’est les mobilisation hallucinantes qu’on a vu pour le définancement de la police, pour la réduction de leur budget pour le réinvestir dans des programmes sociaux, et l’annonce d’un investissement supplémentaire d’une dizaine de millions de dollars supplémentaire à ce qu’il y a déjà pour la police. Ca parle pas nécessairement d’effet discrétionnaire, mais c’est vraiment une réponse très très forte et très très claire à une contestation qui venait de différentes organisations qui venaient de différentes sphères de la population, de différentes sphères militantes et qui proposait plusieurs alternatives réelles, tsé. Ce qu’on sait c’est que y’a un très haut pourcentage d’interventions policières qui servent à gérer des urgences psychosociales alors que c’est ni leur rôles, ni leur formation que à travers ces interventions là y’a plusieurs blessés, y’a plusieurs morts, y’a du profilage qui se fait. C’est des interventions qui pourraient être fait par des intervenant-es qui ne sont en majorité pas fait c’est des choses qui sont connues, y’a des statistiques là-dessus, mais on continue à surfinancer la police malgré les contestations légitimes, donc, ca parle pas nécessairement de pouvoir discrétionnaires, mais je crois que ca démontre bien la force, la puissance de la police de montréal de la fraternité sur la ville de montréal.
Y’a un chose qu’on peut dire qui laisse plus de marge de manœuvre outre l’interprétation du cadre juridique dont j’ai parlé, c’est la militarisation des polices municipales et c’est pas anodin parce que ca donne beaucoup plus d’outils différents pour agir de manière discrétionnaire dans les formes de profilage et de répression qui sont faites. Donc depuis quelques années au québec, mais ailleurs aussi, on constate que y’a une militarisation des polices municipales. Ce que ca comprend c’est une protection de leurs corps qui ressemble à beaucoup plus à des équipements de l’armée, tout en noir avec d’énorme protection alors des taux de policiers et policières qui se font blesser sont excessivement bas, mais c’est aussi le développement d’un arsenal d’armes différentes qui sont utilisées soit en même temps, soit une après l’autre, soit différemment en fonction de leur jugement et qui laissent beaucoup plus de pouvoir discrétionnaire sur la manière de nous réprimer pendant l’action collective. Faque y va y avoir autant les fameux bâtons que l’utilisation de leur vélo pour nous blesser, que l’utilisation de leur bouclier pour nous blesser, mais ca va être également les tazers, les flash-bombs, les gaz lacrymogènes qui sont utilisés pas seulement pour disperser les gens, mais pour blesser les gens pis pour les décourager de recommencer une action politique. Donc ca c’est quand même un usage vraiment discrétionnaire de quelque chose qui techniquement n'est pas supposé être fait comme ça et où la militarisation de la police elle n'est pas justifiable par les statistiques de crimes qu’il y a, que ce soit dans la société en générale ou pendant les actions dans l’espace publique.
Q: Pourquoi l’abolition de la police et de la prison est la seule solution pour une société plus juste?
R: Il y a différentes choses auquelles ont peut penser quand on pense à l'abolition des prisons et l'abolition de la police pour avoir une société plus juste. Je pense qu'une des choses qu'on peut avoir en tête évidemment c'est tout l'argumentaire qu'on a vu dans la dernière année autour de "Defund the police", mais plus à la base autour des prisons, ce qu'on constate c'est que la plupart des gens qui sont emprisonnées c’est des personnes racisées, des personnes autochtones, des personnes qui sont dans le système de l’état depuis leur enfance avec la DPJ, ensuite qui ont été criminalisés comme mineur et ensuite comme majeur et qui là se retrouvent dans des proportions hallucinantes en prison, donc les personnes emprisonnées ne sont pas nécessairement les personnes les plus criminalisées, se sont souvent des personnes vulnérabilisées qui correspondent à différents types de profilage qui sont fait par la police et qui sont ensuite acceptées par le cadre légal. Donc il y a aussi toute les dénonciations des conditions de vie dans les prisons qui certainement ne peuvent pas favoriser qu’une personne soit mieux dans sa peau après. On a juste à penser aux conditions de vie dans la prison pour femmes Leclerc qui sont dénoncées depuis des années, que cette prison là ne devrait pas exister parce qu’elles est insalubre parce qu’elle est mal faite. Donc ben si l’objectif c’est de mettre une personne dans un endroit pour qu’elle travaille sur elle, pour qu’elle se sente mieux et qu’elle se trouve un moyen qui cadre dans la norme qui est établie dans la société ben forcément ca peut pas être un endroit qui la met en danger, pis en ce moment les prisons mettent souvent les gens en danger pis les personnes qui sont dans les prisons sont souvent les personnes les plus vulnérables. C’est ça aussi. La police n'a pas toujours existé. La forme de police qu’on connaît, pis son histoire, elle vient avec celle du capitalisme, pis c’était pour contrôler les personnes des classes ouvrières, don c la police n'a pas été développé, le modèle de police qu’on connaît a pas été développé pour avoir plus de justice dans le monde, c’est une visée de contrôle. Si on est à gauche, ce qu’on espère c'est que les gens puissent se sentir bien, individuellement et collectivement par d’autres moyens que par le contrôle social!
Conclusion
Alors qu'on entend souvent dire que la police fait un travail comme un autre, les services policiers sont loin d’être neutres. Ils sont en fait une force politique fortement armée qui tente d’imposer des idéaux politiques en intimidant, en menaçant et en frappant, en blessant ou en tuant des gens, le tout en restant bien évidemment eux-mêmes au dessus de la loi. Lorsqu’une manifestation ne rassemble que quelques centaines de personnes, il est important de se rappeler que plusieurs personnes sont absentes par peur de subir la répression violente de la police, ou parce qu'elles ont subie des agressions, de l’intimidation ou des menaces pour ne pas y participer.
Mais au-delà de la force brute, la judiciarisation des mouvements de gauche est une stratégie que le pouvoir sait efficace pour nous démobiliser et nous décourager. En plus des frais juridiques, les militantes et militants voient leur énergie drainée par des processus judiciaires interminables, au risque de ressortir de ces dédales avec des dizaines de conditions, un casier criminel ou des probations étouffantes. La police joue un rôle de première ligne dans la répression des mouvements populaires et n'est qu'un rouage de plus dans l'appareil systémique déployé pour nous maintenir enchainées. En légitimant la place des chiens de garde des systèmes d'oppression au sein de nos sociétés, on lutte activement contre la redistribution de la richesse tout en supportant explicitement les politiques des groupes racistes, des complotistes et des intérêts colonialistes et patriarcaux. Malgré tout, les luttes populaires continuent d’obtenir des gains, et en connaissant nos ennemis, il est possible de mieux planifier nos alliances pour la suite de nos combats.
Le verger au complet prend une pause pour cet été, mais nous serons de retour à l'automne avec d'autres épisodes subversifs!
Translation
Intro
The police operate with many biases, and political repression is one of them. It manifests itself in the disproportionate way in which the police attack progressive social movements through the level of violence used, the number of personnel deployed, the surveillance, or the magnitude of the charges, for example. This is made most visible in Quebec by the book from the People's Commission on Political Repression, released in 2016, which was titled "Stifling Dissent." In this episode we interview someone who participated in writing it. What is interesting is that the authors of this book aimed to counterbalance the Menard Commission on the events of the 2012 strike. At the root of this effort is the idea that it is very difficult to create a context in which individuals can feel legitimate to talk about violence, intimidation, and difficult situations experienced, since society usually responds to political agitation with: "yes, but you had it coming." In short, the Ménard commission, like all the others, hides the real consequences experienced by the people on the ground, not to mention the fact that it is often the police who investigate the police. It is this mask that will be lifted in this episode!
Question 1: I have a fairly broad question to start the discussion. I would like to know: how have police strategies changed in the last 20 years in Tiohtia:ke/Montreal, or in so-called "Quebec" in general, in relation to the use of criminalization as a tool for repression of social movements? For example, why don't we see charges like incitement to riot, section 64 of the criminal code, being used nowadays?
There are different changes that we can observe throughout the last few years in both police and judicial strategies, I would say that if we start from the example of law 64 I think we can identify periods where there are particular regulations that were used by police forces to either control, I think we can identify periods where there are particular regulations that were used by police forces to either control, prevent or limit political action in the public space, so that the law, uh section 64 is not used as such is that it was challenged after several uses to make mass arrests and that the people who challenged it won. So it is precedent that tells the police that the discretionary use of this regulation is invalid, there may be people who continue to do it, but in general they change their legal repertoire to limit political action such as demonstrations in the public space. So after what we saw appearing... That was in the criminal code, then what we had were regulations more at the municipal level and with the use of the highway code with the 500.1 and 500. 2 and for the municipal bylaws it was more around P-6 but in different cities of Quebec it was a different article but it essentially said the same thing and it was used at the same time to do the same to the different progressive left-wing demonstrations that we identify with stereotypes of radicalism when we are in the police force, and that was used extensively among others from 2012 to 2015 there were thousands of arrests of people judiciarized and many trials and well as the 64, P-6, 500. 1, 500.2, have not been invalidated by the court, but the use to limit political action to make repression, profiling has been invalidated.
One of the things that will really make it vary is the legal mobilization there, so, we know there are different regulations that have been used whether it is the highway code, criminal code, 500.1, P-6 that have been widely used in recent years for public gatherings. One of the things that makes them more applied is that they have fallen thanks to mobilization, so it's certain that the use of legal codes to justify political repression, police repression, collective action and social movements, finally serves to continue it.
So what I see in the last few years is the use of different municipal code regulations more for individual repression than collective repression. So not only are we changing the regulations because of what has been demonstrated in the course, but we are also changing, from what I can see in scale, from a lot of mass arrests to more individualized arrests during collective action in the public space and among other things in the different regulations that there have been in the last few years there has been the use of all the regulations to go after people who were using smoke, So regulations around pyrotechnic objects, the bylaw on acrobats, the Montreal municipal code, all of this has been used against people who had smoke bombs during demonstrations, so what it does is it takes away, so it's regulations that are used against a person who has been judicially sanctioned, who has a fine of several hundred dollars (blah blah) [5: 28] but also, it has a collective discouraging effect because we see a person being prosecuted, criminalized and arrested, so even if everyone is not in a mousetrap, it remains an event of collective repression because one person among us is still arrested, prosecuted, etc. [5: 28]. So the strategies of using uh judicial elements whether it's criminal, municipal, traffic regulations, it's still the same logic of using codes to either prevent, control political action but what's going to change is the regulation used, But what will change is the regulation used, and what I see is that there may be a change in the scale of repression that is applied where, among other things, in the last few years there has been a lot of denunciation of mass arrests, even the UN has taken a position on this in relation to what they saw in Quebec, the League of Rights and Freedoms has also widely denounced it, and of course the popular commission on political repression has also denounced it political repression as well, so of course it tends to facilitate a more individual arrest.
Question 2: While we are frequently told that laws are applied equally to all, there are thousands of laws that police can pick and choose from to arbitrarily choose which charge to use against protesters. Depending on the legal context, it could be unlawful assembly, p-6, 500.1... The police are very creative when it comes to finding bogus charges to judicialize popular movements. How can we see the links between the judicial strategies and the repressive strategies of the police?
I don't know if we can say that there is a concerted strategy, but what it makes me think of is how difficult it is to get crown prosecutors, etc., to look into cases where individuals or groups say that there is political profiling or that there is an abusive or inappropriate use of regulations by police officers against activists. So there are a lot of cases that could be more carefully handled, much more rigorously investigated, let's say, and that are not, whereas in many other spheres of society there are much more benign cases that don't include people who have been arrested, injured, uh, traumatized, that are much more easily investigated and challenged. I also think that we could see it maybe by how difficult it is to have information when we make requests for access to information, to know what happened during our collective actions or elements to defend our causes, to defend the people who are part of our movement, it's been denounced so many times the difficulty of access to legal information, that it's hard not to think that there's a political interest behind it. I also believe that the way in which the law is currently made does not always serve justice, among other things because of the difficulty of access to lawyers, to legal services, because of the delays, because of the complexity of the task. I was recently talking to someone from the legal clinic in Montreal-North, who have a program specialized in racial profiling and they are developing tools precisely to break down this difficulty, particularly in terms of access to complaints in ethics. So it's a process that is difficult, that is complex, that is little used, that is even often discouraged when we try to use it, and one of their objectives is to normalize the ethics complaint, given that it is through the ethics complaints, through their numbers, through those that are won, that the police services will recognize or not certain dynamics.
Question 3: What form can intimidation of organizers take before important events?
It was really interesting to document it in the framework of the popular commission on political repression, there are people from many cities in Quebec who have organized many kinds of events that are not necessarily very radical as such, radicality can be defined in many different ways, but we're talking about disruption to a simple neighborhood demonstration in the afternoon where people had quite sustained threats from different police forces in Quebec. So police officers who went to the homes of people who were organizing actions, uh... to ask them for information to dissuade them from doing these actions, uh... who were receiving calls, that's also individuals as well as members of collectives as well as people employed in community groups, uh, so that's it. Different organizers have told us that they have received emails, home visits, phone calls to let them know that they were being listened to, that they were being followed, to threaten them, to discourage them, so there are certain forms of harassment that are more individualized towards specific people who are very active in the activist milieu, not just in Montreal, but in different cities, so it really does take many forms. Also what we had, well that's it, it revolved a lot around techniques of dissuasion of people from taking action on the part of police towards people who organize or who wanted to organize collective actions of insults too. Some threats of violence from police officers or arrests, things like that.
In the other forms of effects that can be experienced by people who organize political events, there can be an over-judicialization, the fear to re-engage, to re-mobilize, a discouragement, a fear also a lot of fear, but also on the contrary sometimes the repression will radicalize the people who live it because they become aware of some systemic aspects, for example of the police violence, and it will allow an additional engagement in the political life
Question 4: Do you think that police repression occurs in a similar way in left and right wing demonstrations?
It occurs in a really differentiated way, I think that in Quebec we had very good examples recently with the demonstration of 25,000 people at the Olympic stadium on May 1, 2021, where the people had problematic words, there were neo-Nazis in there with criminal records, wanted people and they could walk absolutely quietly, there were different acts of violence from what I understood that were not necessarily repressed, or targeted by police forces, whereas the demonstrations of let's say the left or progressive or that they identify as radical are much more so, not just during the demonstration but before the demonstration and after the demonstration for the left there is a kind of continuum that serves to discourage, to frighten, to criminalize, to injure that we really don't find in the conservative or right-wing movements, that we really don't find in the conservative or right-wing movements. We also saw it in different examples in Quebec City a few years ago when there were demonstrations by the Pack, which is a racist and right-wing group, and while people on the left were trying to block the demonstration, the police were defending the people on the right and arresting the people on the left. So it's pretty clear that there is a bias in this, people who have been in the army, people from the police force, so there are certain affinities that overlap in certain respects in trajectories that we don't necessarily find with the left, fake the treatment is really differentiated so it's not because we are a group that takes to the streets that we are repressed, it's because we target the idea, the political activity and then try to keep it quiet.
Question 5: How are the regulations applied differently in different contexts?
There are post-hockey game riots where there were dozens of tanks burning, there were no arrests, there were no tear gas, there were no people beaten, whereas in most left-wing events, there are no tanks burning, and there are these arrests, there are people who are beaten, so at this moment again it's not the fact of being in the street, or it's not the gestures that we make that are addressed by the police, it's the message that we bring in society that is repressed. So we can see it with the riots of the Stanley Cup, to take my example of the smoke, it's several people in recent years who receive tickets and who are arrested for having burned smoke in left-wing demonstrations, but the groups that burn smoke in demonstrations to go to Saputo stadium to see soccer games don't get the same statements of offence, so, while it's the same smoke, it's the same type of action, it's the same activity, it's just not the same message.
Question 6: What are the effects of repression on political organizers?
There are many different effects, both of them, one of demobilization and one of "radicalization". In the demobilization aspect, experiencing intimidation, violence, seeing people you like get hurt, being prosecuted as such, it can have a big demobilization effect, it can have a chilling effect, so it's not that we may have the same ideas, it's not that we may have wanted to be there either, It's that there is a fear that slows down or inhibits the passage to action and that makes it very difficult, so this whole aspect is really important and is very well documented by the CPRP, and it's for people who organize actions that for people who participate in collective actions often that just once. There is... It's a story that really marked me, a representative of a community organization who came to talk to us about the repression that she and her users had experienced in a demonstration in 2012, where, there was one of the people she was accompanying who, in her empowerment process, in her self-esteem process, had started to take photographs, and he had brought his expensive camera to the demonstration, even though he didn't have much money, and while he was just taking pictures of a rather banal demonstration, there was a moment when there started to be repression, he wasn't used to it, he didn't know what to do, and he froze, he was beaten up by the police, his camera was broken, and that really, um... It was a person who participated in just one event and who was not necessarily aware of left-wing ideas for a long time, but it was enough to break that momentum.
And the other aspect of radicalization is that when we see that we are targeted individually, that we are judiciarized, repressed, uh, it leads to tactics where there are many more fake protection systems, such as the black bloc, It hasn't always existed in Quebec, but it's a strategy that we use individually and collectively to be less identifiable in order to be more secure, and it's something that developed in reaction to the violence that people were receiving through political action.
Well, it's true that there is a profiling that is then done according to the appearance that one associates with left-wing radicalism, anarchism, etc., so that in militant circles we developed the strategy of black bloc to protect ourselves, but the appearance of the people in the black blocs was then used to do profiling. So there is a kind of wheel where our protection mechanisms end up being used against us by the police and also by the media. So in the public image, being a person dressed all in black, all the debates we had about the mask before 2020-2021 obviously, uh... It's true that it can be demobilizing because we say to ourselves that when I protect myself in order to do things that correspond to my values, I am not safe, I am in a situation of vulnerability and when I don't put these protection mechanisms in place, I am also in a situation of danger, so at that moment, the space to do actions that represent my values is really limited for many people.
Question 7: How does the technological equipment of the police allow for greater arbitrariness of the police, i.e., maintaining a political bias in their application of force?
It's something that is difficult to demonstrate, but what it makes me think of is the incredible mobilization that we saw for the definition of the police, for the reduction of their budget to reinvest it in social programs, and the announcement of an additional investment of about ten million dollars to what there is already for the police. It's not necessarily about discretionary effect, but it's really a very, very strong and very clear response to a protest that came from different organizations that came from different spheres of the population, from different activist spheres and that proposed several real alternatives. What we know is that a very high percentage of police interventions are used to manage psychosocial emergencies, even though it is neither their role nor their training to intervene in cases where many people are injured or killed, and profiling is done. It's interventions that could be done by interveners who are not in the majority of cases, it's things that are known, there are statistics on this, but we continue to overfund the police despite legitimate challenges, so it doesn't necessarily speak of discretionary power, but I believe that it demonstrates the strength, the power of the Montreal police force of the fraternity on the city of Montreal.
There is one thing that can be said that leaves more room for manoeuvre besides the interpretation of the legal framework that I mentioned, and that is the militarization of municipal police forces and this is not insignificant because it gives many more different tools to act in a discretionary manner in the forms of profiling and repression that are done. So for a few years in Quebec, but also elsewhere, we have noticed that there is a militarization of the municipal police. What this includes is a protection of their bodies that looks much more like army equipment, all in black with enormous protection so the rates of police officers getting injured are excessively low, but it is also the development of an arsenal of different weapons that are used either at the same time, or one after the other, or differently depending on their judgment and that leave much more discretionary power on how to repress us during collective action. But there will be as much the famous sticks as the use of their bikes to hurt us, as the use of their shields to hurt us, but there will also be the tazers, the flash-bombs, the tear-gas that are used not only to disperse people, but to hurt people and to discourage them from taking political action again. So this is a really discretionary use of something that technically is not supposed to be done like this and where the militarization of the police is not justifiable by the statistics of crimes that there are, either in the society in general or during the actions in the public space.
Question 8:
Why is abolishing the police and prison the only solution for a more just society?
There are different things that we can think of when we think of abolishing prisons and abolishing the police to have a more just society. I think that one of the things that we can have in mind obviously is all the arguments that we have seen in the last year around "Defund the police", but more basically around prisons, what we see is that most of the people who are imprisoned are racialized people, aboriginal people, people who have been in the state system since their childhood with the DPJ, So the people who are imprisoned are not necessarily the most criminalized people, they are often vulnerable people who correspond to different types of profiling that are done by the police and who are then accepted by the legal framework. So there are also all the denunciations of the living conditions in prisons which certainly cannot make a person feel better afterwards. We only have to think of the living conditions in the women's prison Leclerc which have been denounced for years, that this prison should not exist because it is unhealthy because it is badly made. So if the objective is to put a person in a place to work on themselves, to feel better and to find a way to fit in with the norm established in society, then it can't necessarily be a place that puts them in danger, and at the moment prisons often put people in danger, and the people who are in prison are often the most vulnerable. That's the thing too. The police didn't always exist. The form of police that we know, and its history, it comes with the history of capitalism, and it was to control the people of the working classes, so the police has not been developed, the police model we know has not been developed to have more justice in the world, it is a control aim. If we are on the left, what we hope is that people can feel good, individually and collectively, by other means than social control!
Conclusion
While we often hear that the police are doing a job like any other, police departments are far from neutral. They are in fact a heavily armed political force that attempts to impose political ideals by intimidating, threatening and beating, injuring or killing people, all the while obviously remaining above the law themselves. When a demonstration gathers only a few hundred people, it is important to remember that many people are absent because they are afraid of violent repression by the police, or because they have been assaulted, intimidated or threatened not to participate. But beyond brute force, the judicialization of left movements is a strategy that the government knows is effective in demobilizing and discouraging us. In addition to the legal costs, activists see their energy drained by endless judicial processes, at the risk of emerging from these mazes with dozens of conditions, a criminal record or suffocating probations. The police play a frontline role in the repression of popular movements and are just another cog in the systemic apparatus deployed to keep us in chains. Keeping these watchdogs of the systems of oppression within our societies is an active struggle against the redistribution of wealth as well as an explicit support to the policies of racist groups, conspiracy mongers and colonialist and patriarchal interests. Despite this, popular struggles continue to make gains, and by knowing our enemies, it is possible to better plan our alliances for the continuation of our struggles.
The entire Orchard is taking a break for the summer, but we'll be back in the fall with more subversive episodes!